L'acteur que j'aimais || LARRY

75. Anges gardiens

LOUIS PDV.

Je jette mon mégot et souffle un grand coup avant de pousser les immenses portes vitrées.

Hier, Harry était en colère. C'est normal.

Il m'a flanqué dehors, c'est normal.

C'est moi qui ai foutu la merde et c'est à moi de réparer ça.

J'ai encore une marge de manœuvre parce qu'on n'a pas rompu. C'est vrai quoi, il n'a pas dit qu'il me quittait donc c'est bon signe, non ?

On va donc discuter sereinement, comme deux adultes responsables.

Je suis sûr que je peux le convaincre de me pardonner. Je suis prêt à ce qu'il m'en fasse baver dans les jours et les semaines qui vont suivre. Je peux galérer pendant des mois s'il le faut, s'il estime que je l'ai mérité. Mais on peut laisser tout ça derrière nous.

Ça va aller. Bien sûr, que ça va aller.

******

Je pénètre dans le hall d'immeuble et salue le concierge, assis toujours à la même place. Aujourd'hui, il a le nez plongé dans son journal du matin.

Hier soir, il n'était pas en bas quand l'ascenseur m'a ramené au zéro. Il n'a donc pas vu le piètre état dans lequel j'étais. Il ne m'a pas vu finir de me rhabiller dans le hall, le corps secoué par les larmes et les sanglots de rage qui ne voulaient plus s'arrêter. Il ne m'a pas vu marcher, l'air encore hébété, vers la sortie.

J'avance en direction de l'ascenseur mais le concierge m'interpelle subitement.

- Attendez, monsieur Louis...

Je me retourne l'air étonné et observe le vieux bonhomme se lever. Il contourne son accueil, s'approche de moi puis me dépasse et appuye lui-même sur le bouton pour appeler la cabine. Quand celle-ci s'ouvre, il m'explique :

- Monsieur Harry a fait changer le code ce matin. Il m'a prévenu que vous viendriez et je dois le taper pour que vous puissiez monter à son étage.

- Oh okay, donnez-moi le nouveau code, ce sera plus simple, je lui suggère.

- Oh euh, désolé, mais je n'ai pas le droit de vous le donner, poursuit le concierge en se mettant dos à moi pour taper une série de chiffres. Voilà, c'est bon, vous pouvez prendre ma place maintenant, il dit en sortant de la cabine et en me laissant entrer.

Je reste silencieux tandis que les portes se referment sur moi.

Okay, Harry a déjà fait changer le code de l'ascenseur afin que je ne puisse pas monter chez lui à l'improviste. C'est peut-être un peu plus mal engagé que ce que je pensais.

Et ça n'arrange pas mes affaires. Car c'était mon plan B : si Harry refusait de me parler ce matin, je comptais me glisser dans son lit cette nuit pour prendre soin de lui.

Car je ne suis pas doué pour parler mais caresser ses cheveux comme il aime, ça, je sais faire.

J'essaie d'ignorer l'appréhension qui commence à s'emparer de moi tandis que j'avale les étages me menant jusqu'à Harry.

******

Quand les portes s'ouvrent, je souffle à nouveau un bon coup pour me donner un peu de courage. Je mets prudemment un pied dans l'appartement et me penche vers ma droite pour regarder en direction du salon.

Tout est calme et silencieux.

- Harry ? je demande en restant immobile dans l'entrée.

Ma voix sort faiblement alors je toussote un peu et je répète plus fort :