107. Mission accomplie

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Je sens ses doigts caresser nonchalamment ma nuque et mon dos pendant que, couché sur son torse, je sors tout doucement de mon état de sommeil.

Louis ne s'en rend pas compte, mais il fait souvent ça : quand il est perdu dans ses pensées, ses doigts se mettent à se balader sur ma peau. Il a d'ailleurs assez rapidement fait ça et j'ai très vite remarqué qu'il le faisait de façon inconsciente.

Parce que, lorsqu'il l'a fait pour la première fois, on n'était encore que des sexfriends et, normalement, il ne me touchait jamais en dehors des séances de sexe.

J'avais été si étonné de sentir ce geste doux que j'avais bloqué sur sa main et, lorsqu'il s'en était aperçu aussi, il l'avait vite retirée. Ce jour-là, je me suis insulté intérieurement d'avoir tout gâché.

Quelques jours plus tard, il l'a refait. Et cette fois, je n'ai pas bougé. J'ai fait comme si tout était cool.

Aujourd'hui encore, ses doigts m'effleurent tendrement lorsqu'on regarde un film, lorsqu'il lit à côté de moi, lorsqu'il me raconte une histoire ou plonge dans ses souvenirs. Ou, comme ce matin, lorsqu'il est réveillé avant moi.

Je sais qu'il fait ça de façon inconsciente, parce que sinon, il se rendrait compte qu'il me réveille à chaque fois. Et je suis sûr qu'il se forcerait à arrêter, afin que je puisse dormir.

Alors moi, je continue à faire comme si de rien n'était. Car je ne veux surtout pas qu'il arrête. Même si je suis fatigué, j'aime me réveiller en sentant ses doigts se promener sur moi.

Et quand il le fait au beau milieu de la nuit, alors ça me permet de savoir qu'il est en train de se faire des nœuds au cerveau et qu'il ne dort pas.

Parfois, je lui demande si ça va et on parle un peu, mais le plus souvent, je le pousse juste à se mettre sur le ventre et, à mon tour, je le tiens et le caresse, jusqu'à ce qu'il finisse par s'endormir.

Lou et moi, on a toujours été plus doués pour se toucher que pour se parler.

Tous les deux, on est toujours sur la même longueur d'ondes quand on se trouve l'un à côté de l'autre, quand on est à portée de mains. Alors on se comprend sans discuter.

Parce que nos gestes disent tout : à quel point on s'aime, à quel point on se désire, à quel point on se protège.

Je sais à sa façon de me toucher s'il est coquin et rieur ou calme et heureux ou, au contraire, s'il a besoin d'être apaisé.

Quand il est nerveux ou triste, il ne vient jamais chercher des paroles réconfortantes. En revanche, il vient chercher mes bras et ma main dans son dos, qui le tempère toujours.

Cette main qui parvient à l'exciter est aussi celle qui sait le calmer. Et c'est pareil pour lui. Ses doigts savent tout autant faire monter la température de mon corps que refroidir mes coups de sang.

Lui et moi, on n'a pas besoin de plus. Tout ce qu'on ressent passe par nos gestes.

C'est pour ça qu'on n'est pas fait pour être séparés trop longtemps : parce que notre façon de communiquer, c'est le langage du corps. Et que lorsqu'ils se retrouvent éloignés, on est aussi paumés l'un que l'autre.

On n'arrive plus à s'exprimer, à montrer ce que l'on ressent. À se toucher, se tenir, se retenir, se soutenir.

- Bonjour bébé, je dis d'une voix encore endormie, tout en restant couché sur lui.

- Hey... murmure Lou en déposant un tout petit bisou dans mes cheveux. T'es réveillé, bébé ?

Je souris pour moi-même.

L'acteur que j'aimais || LARRY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant