L'acteur que j'aimais || LARRY

22. ... à l'autre

LOUIS

24 octobre.

Il est 18 heures et je viens de rentrer d'un shooting photos. Je décide de passer une soirée peinard. Je vais me faire un truc à manger et je matterai le replay du match Liverpool-Manchester d'hier. Je sais déjà qui a gagné mais j'ai lu dans la presse qu'il y avait deux actions dingues et je compte bien les voir de mes propres yeux.

Cela fait une semaine que j'ai quitté le Royaume-Uni et depuis, je passe le plus clair de mon temps entre ces quatres murs. J'ai bien revu mes amis, que je n'avais pas vus depuis deux mois, et mon agent mais seulement pour des soirées un peu chill à l'appart. En ce moment, je n'éprouve pas le besoin de sortir et de voir plein de monde. 

Je jette mes clés sur le comptoir qui sépare ma cuisine du séjour et je décide d'aller prendre une bonne douche pour me débarrasser de la couche de maquillage que j'ai sur le visage. Je reste un long moment sous le jet bouillant, les deux mains contre le mur, la tête penchée en avant et les yeux fermés.

Après m'être séché, j'enfile un bas de survêtement et le sweat bleu marine d'Harry. Je l'ai trouvé en défaisant mes bagages et il ne m'a pas vraiment quitté depuis. J'aime bien le fait qu'il soit trop grand pour moi. Et puis il sent exactement comme lui. Quand j'ai ouvert ma valise, on aurait dit qu'Harry s'était caché à l'intérieur et ça m'a fait sourire.

Je me dirige vers la cuisine et j'ouvre mon frigo plein de victuailles. Légumes, viandes, poissons, j'ai l'embarras du choix. Je suis rentré aux Etats-Unis avec une bonne résolution : écouter Mary et faire un peu plus attention à ma santé. Par exemple, cela fait huit jours que j'ai arrêté de fumer. Bon, ça ne fait pas longtemps et les patchs m'aident beaucoup, mais je suis content de moi. J'ai la tête dans le frigo quand on sonne à ma porte.

C'est Luke, un de mes meilleurs potes, qui arrive avec un pack de six bières. Un peu plus tôt dans la journée, il m'avait proposé de l'accompagner à une soirée mais j'ai poliment décliné. Plutôt que d'y aller seul, il est venu voir si je voulais un peu de compagnie.

- J'allais me faire quelque chose à manger vite fait, ratatouille, ça te va ?

Tandis que je suis en train de cuisiner, il m'observe.

- T'as l'air bien, depuis que t'es revenu, il me dit en souriant.

- Ah oui ? je lui demande. Comment ça ?

- Je sais pas, tu rayonnes. Ça doit être l'air anglais.

- Hum, certainement, je réponds en me concentrant sur ma tâche.

Après avoir mangé, on s'installe devant l'écran et je lance le match. Mais à la 21e, je suis obligé de faire un retour en arrière. J'ai loupé le but magistral de Liverpool. Pendant un instant, je n'étais plus concentré sur la télé. En bougeant mon bras pour boire ma bière, j'ai senti l'odeur d'Harry sur la manche droite du sweat. Alors mes yeux se sont fermés et j'ai transplané jusque dans notre maison en Angleterre.

Cela fait huit jours qu'on ne s'est pas vu, ni parlé, ni écrit d'ailleurs. Les messages, ce n'est pas mon truc et puis, qu'est-ce que je pourrais bien lui dire ?

24 novembre.

Qu'est-ce que je fous là ? La musique est mauvaise, la bouffe est mauvaise et les gens m'emmerdent. Je savais que je n'aurais pas dû venir à cette fête. Comment j'ai pu laisser Luke me traîner ici ?

Il est arrivé cet après-midi chez moi en me disant que je vivais comme un ermite ces derniers temps et qu'il commençait à se faire du souci pour "ma santé mentale et ma queue".