10. Paloma

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- Bon allez, vous me faites tous chier avec vos gueules d'enterrement, on sort ce soir.

Miles vient de briser le silence qui s'était installé pendant qu'on mangeait. C'est vrai qu'entre Louis qui broie du noir, Tim qui reste silencieux pour ne pas embarrasser Louis, Seb qui broie du noir aussi et moi qui ai envie de le frapper, l'ambiance n'est pas des plus agréables ce soir à table. Justement, ce n'est pas du tout le moment de proposer une sortie. Moi de toute façon, je dois voir un pote ce soir. Alors que cinq paires d'yeux le regardent avec étonnement l'Américain ajoute :

- Franchement, c'est cette baraque, ça fait trop longtemps qu'on est là, faut qu'on sorte, qu'on voie un peu d'autres têtes.

- T'as raison, sortons. En plus c'est off demain donc on pourra tous dormir.

Contre toute attente, Eddie est de son côté. Et il n'en faut pas plus à Miles pour sauter comme une puce sous ecsta.

- Cool ! J'appelle des chauffeurs. Tim prépare des shots pour tout le monde, faut qu'on se mette dans l'ambiance. Les Anglais, c'est le moment de jouer. Où est-ce qu'on peut aller ?

Je suis Anglais donc je me sens obligé de répondre même si je ne suis pas fan des boîtes de nuit.

- Au Seven ? je suggère sans grande conviction.

- Non j'aime pas, me coupe Eddie.

- La Paloma ? je propose alors.

C'est une boîte à l'ouest de Londres et donc pas très loin de chez nous.

- Ah ouais c'est bien la Paloma ! s'enthousiasme cette fois le rouquin.

Miles s'exclame "vendu !" puis il ajoute avant que quelqu'un n'objecte quoi que ce soit :

- Et je vous préviens, tout le monde vient, pas d'excuse. Et soirée classe les gars, je veux tout le monde habillé en bombe.

- Ça va être trop bien, désolé les gars, mais ce soir je fais comme si je vous connaissais pas, je vais pouvoir voir d'autres têtes que les vôtres ! lâche Tim, prenant un shot, la jetant au fond de son gosier, puis faisant un tour sur lui-même comme s'il dansait.

- Ça vous dérange si je propose à un pote de nous rejoindre ? Je devais le voir ce soir, je demande. Comme ça ne dérange personne, je sors mon téléphone et je lui écris pour qu'il nous rejoigne.

Après avoir bu trois ou quatre autres shots, on regagne tous nos chambres pour nous préparer, et Miles hurle :

- Classe hein !

Classe, ok.

Je choisis mon pantalon noir taille haute. J'y ajoute une chemise noire satinée que je rentre à l'intérieur. Elle est parsemée de petites bouches rouges. Machinalement, je prends soin de laisser les premiers boutons défaits.
Ce geste me fait sourire car ça me rappelle l'époque de One direction. Je faisais tout le temps ça. J'avais quoi ? 18/19 ans ? Les filles hurlaient à nous percer les tympans. Mes propres hormones étaient en ébullition. On nous répétait tellement qu'on était les meilleurs, les plus beaux, etc., que j'avais une putain de confiance en moi. Tellement confiance que ça me faisait rire de les faire mouiller dans leurs petites culottes rien qu'en dévoilant un peu de ma peau et de mes tatouages. Les entendre crier mon prénom et les voir se mordre leurs lèvres inférieures en me voyant, ça me donnait un sentiment de toute-puissance.

Aujourd'hui, j'aime toujours plaire, mais j'ai arrêté d'en faire des tonnes. Je préfère qu'on me reconnaisse pour ma musique et pour mon jeu d'acteur que pour ma "gueule d'ange" comme ils disaient.

L'acteur que j'aimais || LARRY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant