Chapitre 3 :

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Je me réveille en sursaut. Je suis en sueur. Ma respiration est courte et bruyante. Je mets mes mains sur mes joues. Elles sont en feu. Mon cœur bat beaucoup plus vite que la normale. J'ai l'impression qu'il va sortir de ma cage thoracique. Je me lève de mon lit et manque de trébucher. Mes jambes sont faibles. Je tremble. Je vais tant bien que mal dans ma salle de bain. J'allume l'eau froide de la douche, et m'y glisse. L'eau est gelée. Et pourtant, j'ai l'impression que mon corps ne baisse pas de température. Je pose mon dos contre le mur froid. Cela me fait du bien.

Au bout de plusieurs longues minutes, j'arrive à me calmer. Quel cauchemar atroce. Rien que d'y penser me donner envie de vomir. Tout ce sang... Ces derniers temps je fais beaucoup de cauchemars dans ce style. Parfois je m'en rappelle comme si j'avais vécu la scène, parfois c'est un lointain souvenir et j'oublie très rapidement.

Pour m'aider à traverser tout ça, je vais régulièrement chez le psy. Il m'aide à comprendre ce qu'il ne va pas chez moi, et à m'accepter comme je suis. Il m'apprend à gérer mon stress et quelques fois il me donne aussi des médicaments pour m'endormir en étant relaxée. Selon lui, être relaxée, détendue et bien dans ma peau me permettrait de stopper totalement ces cauchemars.

Je m'habille en vitesse et décide de sécher les cours pour aller voir mon psy. J'ai besoin de lui.

Sur le chemin je regarde mon téléphone et m'aperçois que j'ai plusieurs appels manqués et plusieurs sms :

Maxime : « Bah alors, tu étais où hier soir ? Je t'attendais »

Appel manqué de Maxime

Appel manqué de Alex

Maxime : « Allez viens, sinon je vais devoir me coltiner Agathe toute la soirée ! »

Appel manqué de Mathilde

Alex : « Meuf, t'étais où ? T'as raté la soirée du siècle ! C'était incroyable ! »

Mathilde : « Hello ! Ça va ? Je ne t'ai pas vu hier. Tu viens en cours aujourd'hui ? »

Je souffle. Je n'aime pas quand ils s'inquiètent pour moi. Je décide simplement de répondre à Mathilde que je ne viens pas. J'ignore les autres.

J'arrive chez le psy et m'assoie sur une chaise dans la salle d'attente. Je reçois alors un n-ième message de Maxime :

Maxime : « Qu'est ce qui se passe ? Mathilde m'a dit que tu ne venais pas en cours aujourd'hui. Je passe chez toi à midi entre les cours. Et ce n'est pas une question ! »

Il est mignon. Mais il s'inquiète vraiment pour rien. Je lui réponds :

Moi : « T'inquiète pas, je vais juste chez le psy. J'ai encore fait un cauchemar »

Le psy arrive et me sort de mes pensées. Nous allons dans la salle de consultation et je m'assoie comme à mon habitude sur le magnifique sofa en velours. M Martin s'assoie en face de moi. C'est confortable. Tout est chaleureux dans son cabinet. Je me sens à l'aise et en confiance. Je sais que je peux tout lui dire. Et il a les mots pour me rassurer et me dire que finalement tout va bien.

- Alors, Néra, que me vaut ce plaisir ?

- Je ne sais pas si je pourrais parler de plaisir... J'ai encore fait un cauchemar. Lui répondis-je.

Il fronce les sourcils, et se gratte la barbe. Je tortille mes doigts. Rien que d'y penser mon cœur accélère. Je stresse. Je lui raconte alors mon cauchemar.

Après quelques minutes à m'écouter sans rien dire, il me demande :

- Et cette fois, tu te positionnais où dans cette scène ? Quel point de vue avais-tu ?

- J'avais la position de la « méchante ». Mais pas vraiment. Je voyais la scène de ses yeux, mais c'était un peu flou, comme si j'étais derrière elle. Mais en même temps j'avais l'impression que ce qu'elle faisait, c'était un peu moi qui le faisait. C'est bizarre.

- Je vois. Bon, écoutes, je vais te prescrire un médicament plus puissant que celui de la dernière fois. J'ai l'impression que tes cauchemars sont de pires en pires. Avec ça normalement, ça devrait aller. Prends en un tout à l'heure, ça va t'apaiser un peu.

Au bout d'une heure, la séance est finie. Je quitte mon psy, et me rends à la pharmacie, juste en bas. J'achète le médicament qu'il m'a prescrit. Je sors de la pharmacie et prends direct un comprimé. J'espère que ça va me calmer un peu.

Lorsque j'arrive chez moi, je vois Maxime, assis sur le pallier de ma porte, des écouteurs dans les oreilles, en train d'écouter de la musique. Je passe ma main dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu.

- Ehhh !

- Ravie de te voir aussi Maxime. Lui répondis-je en riant.

Il me tire la langue. Je prends mes clés dans mon sac et ouvre la porte. Il me dit :

- Eh beh, ça pue le phoque ici !

- Oui, je suis partie rapidement tout à l'heure, je n'ai pas trop eu de temps de ranger et aérer.

Je commence alors à nous préparer à manger. Il s'approche derrière moi, glisse ses mains sur mes hanches et m'embrasse dans le cou. Il est doux.

- Maxime, j'essaie de préparer à manger là. Lui dis-je en riant.

- Allez Néra, viens avec moi, j'ai envie d'autres choses. J'ai envie de toi !

- Nan, déso, pas pour cette fois, Max. J'ai pris un comprimé, j'suis complètement à l'ouest.

- T'es défoncée ? me demande-t-il en rigolant.

- C'est tout comme !

- Oh, j'en veux aussi !

- Nan, toi tu es privé de bonbons, tu es tombé dedans quand tu étais petit !

Il rigole et commence à me chatouiller. Finalement on abandonne la cuisine. C'est trop difficile de faire quoi que ce soit avec cet enfant ! On s'allonge sur mon lit et regardons un film. Astérix mission Cléopâtre ! Évidemment, quelle question ! C'est notre film préféré. On connait toutes les répliques par cœur.

Puis il part. Ses cours reprennent. Il doit y aller. Il me laisse. Mes paupières sont lourdes. Il ne faut pas, je dois résister. Je ne peux pas m'endormir encore une fois. J'essaie de me lever, de faire des squat afin de me "réveiller", en vain. Je prends deux cafés. Mais rien n'y fait. Néra, garde les yeux ouverts, bordel ! Mais le médicament est plus fort que moi. Je m'endors, en priant pour ne pas refaire les mêmes cauchemars.


Double résonanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant