Chapitre 42 :

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Cela fait plusieurs heures que nous marchons. J'estime à peu près à 5. Nous marchons lentement en faisant beaucoup de détours afin de récupérer certains vivres, et éviter les potentiels pièges de Yvan. Quelques éclaireurs partent en avant dans différentes directions afin d'être sûr qu'il n'y a personne. L'atmosphère est lourde. Le temps est orageux. Rien ne va dans cette journée. Je n'ai envie que d'une chose : m'isoler du reste du monde. Je n'en peux plus d'être autant entourée. J'en ai marre de marcher. Il nous suffirait simplement de nous changer en loup et courir. On serait arrivés plus rapidement. Mais il y a des personnes âgés et des enfants qui sont avec nous. On ne peut pas se le permettre. Mes pensées sont noires. Je revois toutes les personnes que j'ai tué. Et je m'en veux. Je m'en veux terriblement. Qu'est ce qu'il m'a prit ? Je veux partir loin de tout ça, loin de cette guerre, de le lien et de ses pouvoirs. Je sens la colère monter. Et mon sang ne fait qu'un tour lorsque j'aperçois au loin une tête blonde à l'avant de la meute. Je pourrais la reconnaître entre milles. C'est la femme qui était dans les bras de Marcus l'autre jour. Je pensais qu'elle faisait partie de la meute d'Alkania. Mais je me trompais. Elle est avec lui.

Je sens la haine monter en moi. Je sens que je vais exploser. J'ai son image en tête. Je ne sais pas pourquoi cela me met dans un état pareil. Je ne contrôle absolument rien.

C'est alors que j'entends encore la voix de Marcus : "Qu'est ce que tu aimes le plus dans le fait d'être une louve ?". Qu'est ce qu'il essaye de faire. Qu'il reste à sa place. Je ne veux pas de lui dans ma tête.

Mais il continue face à mon absence de réponse : "Moi j'adore ce sentiment de liberté. Quand tu te transformes, et que tous tes sens se développent. Quand tu cours si vite que tu as l'impression de voler. Quand l'air frais de la nuit passe dans ta crinière. Je suis sûre que tu vois de quoi je parle !".

Je dois avouer qu'il a raison. Et je sais que ma louve raffole des sorties en plein air. A tel point que rien qu'à l'entente de ses mots je la sens frétiller à l'intérieur de moi.

Il continue alors : "Tu sais, avec Héros au début c'était compliqué. On ne se comprenait pas. Mais lorsque nous partions chasser avec la meute, nous étions en parfaite symbiose. C'était incroyable. Et c'est ça qui nous a rapproché. Et je ne pourrais jamais oublier ce sentiment. Quand nous chassons, nous sommes vraiment unis.".

Je sais que c'est la même chose pour Artémis et moi. Nous avons également eu notre phase difficile. On a été très souvent séparée l'une de l'autre finalement. Lorsque j'étais petite, nous ne nous entendions pas très bien. J'étais une enfant alors qu'elle avait beaucoup plus de maturité que moi. Nous n'avions pas les mêmes buts. On n'a jamais vraiment su comment communiquer toutes les deux. Mais c'est quand Yvain nous a trouvé, qu'il nous a appris à nous battre et à nous unir. Nous sommes devenues fortes et puissantes. Nous sommes devenu qu'un. Mais il nous a ensuite séparé pour notre bien à toutes les deux. Nous étions trop dangereuses, à cause de ce pouvoir. Mais c'est une sensation qu'on oublie pas. Mon cœur était fendu en deux. Je n'oublierai jamais ce trou dans ma poitrine. Alors quand il nous a réuni de nouveau et que l'on a pu se battre de nouveau ensemble, c'était incroyable. Alors je comprends parfaitement ce sentiment. Et maintenant, nous sommes complètement unies. J'espère que nous pourrons chasser de nouveau un jour. Cela fait bien longtemps que nous ne l'avons pas fait. Je suis toujours à la quête de mes souvenirs... Des souvenirs qui ont été effacés par Yvan.

Perdues dans mes pensées je n'avais même pas remarqué que ma colère avait disparue. Je me laisse alors vaquer à mes idées après avoir laissé échappé un petit "Merci" de mes pensées en direction de Marcus.

Le trajet continue. Nous passons à travers plusieurs forets. Tout est calme et paisible. Il commence à se faire tard, alors Marcus nous ordonne de nous arrêter afin de passer la nuit au milieu des bois. On monte un petit camp rapidement, et nous installons. Un feu a été lancé. Tous sont assis autour de celui-ci, à se raconter des histoires. Quant à moi, je préfère rester en retrait. Je ne veux blesser personne au le cas où elle reviendrait. Théo vient me voir de temps en temps. Cela me fait du bien. J'apprécie sa présence. Il m'apaise. 

Double résonanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant