Chapitre 26 :

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Je ne sais pas combien de temps je suis restée dans cette grotte, mais ça m'a fait tellement de bien. J'ai pu retrouver un peu ma vie d'avant. Il y avait toutes sortes de livres et c'était vraiment agréable de penser à autre chose. C'est comme si tous mes problèmes s'étaient envolés. Je suis ensuite rentrée au manoir, dans ma chambre.

La réalité m'a vite rattrapée. J'ai ressenti une vague d'émotions m'envahir. Entre celles de ma louves, celles de Marcus qui interfèrent de temps en temps et les miennes, c'est un vrai cauchemar. Alors, je suis allée me couchée. Sous la couette, la tête sous l'oreiller, j'essayais d'échapper à tout ça.

Je suis restée plusieurs jours, seule dans ma chambre. Je ne voulais voir personne. De toute façon ils avaient des choses plus importantes à faire que me parler.

Tout à coup, quelqu'un toque à ma porte et entre. Je peux voir que c'est Marcus. Il s'approche alors de moi. La température de l'air monte d'un cran. Mais je n'avais pas envie de le voir. Il me dit alors :

- Néra, je vois bien que ça ne va pas. Tu ne peux pas rester comme ça. Viens un peu avec nous !

- Nan, Marcus ! Tu ne sais pas de quoi je suis capable. Tu ne sais pas tout ce que j'ai fait !

- Alors parle moi !

Je tourne alors la tête.

Il s'approche alors et s'assoit à côté de moi. Il m'attrape le menton et m'oblige à le regarder. Ce contact électrise la totalité de mon corps.

- Néra ! De quoi as-tu peur ? Je suis là ! Je te protègerai quoi qu'il arrive.

- J'ai peur de la mort...

- Oh mais c'est normal. Mais tout le monde finit par mourir un jour. C'est le cycle de la vie.

- Nan Marcus. Tu ne comprends pas. Elle est là, dans ma tête. Et elle m'ordonne de tuer. Elle veut du sang. Alors il vaut mieux que tu restes loin de moi, parce qu'on ne dit pas "non" à la mort.

Il a alors une petit mouvement de recul. Il lâche mon menton, et fronce les sourcils. Il ne comprend pas. Puis brusquement, il me prend dans ses bras. Il me serre fort contre lui. Mais je ne bouge pas. Il ne doit pas être aussi proche de moi. Il doit s'éloigner. Je ne veux pas lui faire de mal.

Je me défais alors de son étreinte et lui dis :

- Pourquoi tu fais ça ?

Il fronce les sourcils une n-ième fois. Il ne comprend pas. Alors le continue :

- Pourquoi tu agis comme ça avec moi ? Tu as Louise nan ?

Il se recule alors, se rendant compte qu'il était bien trop proche de moi. Mais c'était plus fort que nous. Je le savais. Ce lien nous pousse l'un vers l'autre. Et c'est une force contre laquelle il nous est difficile de lutter. Mais d'un autre côté, on a tellement envie de se laisser aller, de se laisser faire.

D'un ton un peu plus froid, il me dit :

- Je me doutais bien qu'on aborderait ce sujet ou jour ou l'autre. Mais je pensais que j'aurais plus de temps...

- Plus de temps pour faire quoi ?

- Pour savoir ce que je veux. Mettre les choses au clair. Ce qu'il y a entre nous, c'est fort. Je sens ce lien se renforcer de jour en jour. Quand je suis avec toi je me sens bien. J'ai envie que tu te sentes bien aussi, que tu sois constamment à mes côtés et qu'il n'y ait que toi et moi. Mais est ce que ce n'est pas ce lien qui nous oblige à être comme ça ? Qu'est ce qu'il y a vraiment entre nous ? Si ce lien n'avait pas existé, j'aurais tout fait pour te tuer et venger mon père... Et puis il y a Louise. Avec Louise c'est là depuis longtemps, et je sais que c'est vrai. On s'est promis l'un à l'autre que si on rencontrait notre âme sœur un jour, cela ne devrait rien changer entre nous. Alors, c'est compliqué...

Ce qu'il me dit, me brise le cœur. J'ai l'impression de me faire transpercer par des millions d'aiguilles. J'ai toujours su qu'il aimait Louise. Mais je ne sais pas pourquoi, ça me fait du mal de l'entendre sortir de sa bouche. Au moins les choses sont claires. Je sais ce que je dois faire.

Je lui dis alors :

- Et donc, comment va se passer la suite ? Je dois rester bien sagement ici sans rien faire en attendant que tu trouves une solution à tes problèmes ? Pendant ce temps, Yvan est toujours là, et moi je suis une bombe à retardement qui peut exploser à n'importe quel moment. Marcus, tu le sais, tu ne peux pas me retenir éternellement ici. Laisse moi partir. Je trouverais une solution pour briser ce lien qu'il y a entre nous, et je disparaîtrais. Tu pourras continuer ta vie avec Louise.

J'entends son rythme cardiaque s'accélérer. Ses yeux passent instantanément au jaune. Héros fait son apparition. Sa voix est légèrement plus grave quand c'est lui qui parle. Il me répond alors :

- Nan ! Il en est hors de question ! Je ne te laisserais pas t'en aller. Je...

Tout à coup, Anaëlle entre brusquement en claquant la porte. Elle a l'air affolée. Ça se voit sur son visage. Ses traits sont tendus. Elle est complètement apeurée. Elle commence à parler et nous dit très rapidement :

- Marcus ! Vite ! C'est Théo !

Marcs se lève alors brusquement. Je l'imite. Qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi est-elle dans cet état là ?

Anaëlle essaye de nous expliquer la situation mais on ne comprend rien. Elle parle trop vite. Elle nous tire alors par le bras pour nous faire sortir du manoir. On la suit en courant, et on se précipite vers la maison de la marabout. Quelques mètres avant, on commence à entendre des cris. C'est Théo. Il hurle de douleurs. Que s'est-il passé ? Est ce que c'est Yvan ? On s'est fait attaqués ?

Plus on approche de la maison, plus l'ambiance est bizarre. Je ne me sens pas à l'aise. J'ai presque l'impression d'étouffer. Mais je n'y fais pas attention. Je suis trop inquiète. On pénètre alors dans la maison.

Il est au milieu du salon, allongé sur la canapé, en train de se tordre littéralement de douleur. Son corps prend des positions étranges, il se courbe bizarrement. Sa peau est inhabituelle. Elle brille. Elle est plus claire que d'habitude. Je dirais même qu'elle rayonne.

La marabout essaie de le soulager, mais rien n'y fait. Et personne ne sait pourquoi il est comme ça. Ça me met mal à l'aise.  Ça me rend presque malade de le voir dans cet état là. Marcus et Anaëlle ne savent pas quoi faire non plus. On est totalement démunis. On ne peut rien faire. On est complètement impuissants.

Tout à coup, un vent violent ouvre la porte de la maison. On découvre avec stupeur les deux jumelles sur le pas de la porte. Elles se tiennent la main et prononcent des paroles dans une langue étrangère. Leurs yeux sont complètement pales, comme si elles étaient devenues aveugles. Leurs cheveux volent en l'air par une force que je ne comprends pas. Elles s'approchent doucement de nous tout en continuant de parler dans cette langue étrange.

Je sens alors l'air se raréfier. Je me sens presque suffoquer. Et un peu comme un mécanisme de défense, je sens la haine m'envahir et la mort approcher. Elle est là dans un coin de ma tête et elle prend de plus en plus de place. Mon corps refuse de m'obéir. Je ne peux plus bouger. Il faut que je m'en aille. Je vais tuer quelqu'un. Vite ! Allez Néra, bouge avant qu'il ne soit trop tard. Je vois l'air devenir de plus en plus sombre. De la fumée noire commence à s'échapper de mon corps. Vite ! Il faut que je sorte de là !

Totalement à court d'oxygène, je tombe à genoux par terre. Mon dos se cambre en arrière. Et comme une pulsion sanguine, je vois la fumée noire sortir d'un seul coup de tout mon corps. Je m'évanouis alors et tombe complètement au sol.

Mon dieu, qu'est ce que j'ai fait ?

Double résonanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant