Double résonance

Chapitre 46 :

Après avoir passé ce pacte, Marcus a organisé la fameuse réception. Depuis quelques jours, on se voit en cachette, pour que personne ne remarque quoi que ce soit. Tout est planifié dans les moindres détails. Ce plan est parfait. Mais je crois que Théo a des doutes. Il me trouve "bizarre" selon lui. Et j'ai beau essayer de le rassurer, rien n'y fait. Je ne sais pas si je dois lui dire. Marcus m'a interdit de le faire. Mais c'est Théo... J'ai toujours pu compter sur lui, et il a toujours été là pour moi ! Ça me met mal à l'aise de lui cacher des choses. 

J'entends depuis ma chambre toute la meute s'agiter. Malgré l'ambiance sombre du moment, une petite fête ne fait jamais de mal. Ça permet de détendre l'atmosphère et les gens sont heureux.

Et en parlant du loup... on en voit la queue... Théo entre dans ma chambre après avoir toqué à la porte. Il s'approche et s'assoie à côté de moi. Il attrape mes mains et colle son front contre le mien, avant de dire :

- Néra, quittons la meute. Juste toi et moi. J'ai un mauvais pressentiment. Nos pouvoirs nous guideront à faire ce que nous devons faire, mais ici, on ne sert à rien. Cette guerre contre Yvan est une perte de temps qui nous éloigne de notre but.

Je me redresse d'un coup face à ces paroles. Lui, qui a toujours aimé sa meute et été fidèle à Marcus, veut tout quitter ?  Que s'est-il passé ? Que lui arrive-t-il ? Habituellement c'est toujours lui qui positive et garde espoir.

Je lui réponds alors doucement :

- Théo... Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi tu me dis ça maintenant ? A l'origine c'est toi qui m'as poussé à venir ici. Alors, qu'est ce qui a changé ?

- Je-je ne sais pas. C'est peut être le fait de te voir t'éloigner de moi... C'est peut être égoïste.

- Mais qu'est ce que tu racontes ? Je suis là ! Et je serais toujours là ! C'est toi et moi. Tu l'as dit toi même, c'est écrit !

Je dépose alors un léger baiser sur son front. De la lumière blanche jaillit de ses mains, et vient se déverser sur les miennes. Tous mes doutes s'envolent, et tout disparait autour de moi. Je me sens bien à ses côtés. C'est un peu comme si j'étais près d'un feu de cheminée lors d'un soir d'hiver glacial. C'est réconfortant et chaleureux. J'oublie tout. A tel point que nous entendons même pas la personne toquer à la porte, mais simplement un raclement de gorge. Cela me fait sursauter, et je me détache instinctivement de Théo. Je tourne mon regard vers la porte, où se trouve Marcus, droit comme un i. Et d'une voix impassible, il nous dit :

- Il y a une réception ce soir. Je ne veux pas de vagues. Vous vous faites discrets, c'est clair ? En particulier toi, Néra. Au moindre problème, je m'occuperais personnellement de ton cas, et crois moi, tu le regretteras.

Et il tourne les talons, glaçant l'atmosphère. Nous n'osons bouger pendant quelques secondes. C'est clair, que là il était convainquant. Peut être un peu trop convainquant. Est ce qu'il jouait vraiment la comédie au final ? Et je me mets à douter de lui et presqu'à regretter le pacte que j'ai passé avec lui.

Et c'est à ce moment là que j'entends ces mots retentir dans ma tête : "J'ai soif de sang. Les morts s'accumulent...". Et je me fige. Les images de mon passé me reviennent en mémoire. Et je revois le moment où j'ai... tué... ma mère. J'éclate en sanglot. 

Théo tente de s'approcher de moi, mais je le repousse. Il insiste. La colère me monte aux yeux, et je lui crie, plus fort que voulu :

- LAISSE MOI !

Et sans que je m'en rende compte, une vague de fumée noire jaillit de moi. Il se protège instantanément grâce à se magie blanche, et s'en va.

Je pleure de plus belle. S'il n'avait pas eu ces pouvoirs, il serait mort... Je ne comprends pas cette malédiction. Le sort s'acharne sur moi. Je regrette tellement ma vie d'avant. Si j'avais à choisir entre la pilule bleue ou la pilule rouge, j'aurais choisi la bleue. Je serais restée dans ce monde parfait, quitte à ne rien savoir et rester dans le déni. J'aurais mille fois préféré vivre ce faux paradis parfait et rester dans la réalité fabriquée de la Matrice.