Double résonance

Chapitre 55 :

Je reconnais Alec, agenouillé au sol à moitié en sang et en pleurs. Il semble aller physiquement mieux que tout à l'heure malgré toutes ses blessures. Il tient Anaëlle dans ses bras, totalement inconsciente. Que font-ils là ? Tout à l'heure, ils étaient dans le manoir. Que s'est-il passé ?

On entend les murmures d'Alec, suppliant :

- Reste en vie je t'en supplie ! Reste en vie !

On se précipite vers eux. Je jette un rapide coup d'œil à Anaëlle pour constater son état. Elle est recouverte de sang. Une épaisse branche lui transperce l'abdomen. Son visage, teinté de boue, est pâle. Et ses yeux sont à moitié fermés. Sa respiration est saccadée et j'entends les battements de son cœur ralentir. Je suis complètement tétanisée. Je ne sais pas quoi faire. Mon amie est en train de mourir devant mes yeux. Je ne peux rien faire. 

C'est Théo qui prend les devants, avec un sang-froid hors du commun.

- Alec, éloigne toi d'elle, il faut que je la soigne. Elle a besoin d'espace.

Mais la voix brisée d'Alec résonne dans la nuit glaciale comme un hurlement de douleur :

- Je ne peux pas Théo ! Je ne peux pas vivre sans elle ! Je t'en supplie, fais quelque chose, sauve la ! Sauve la !

Je m'approche alors d'Alec et tente doucement de le prendre dans mes bras.

- Ne t'inquiètes pas Alec, on est là, on est là.

Je me murmure ça presque à moi même. Elle ne peut pas mourir ! Ce n'est pas possible.

Je sens alors Alec se relâcher. Il est complètement en pleurs, brisé par cette image qui risque de le hanter toute sa vie. Je le détache petit à petit de son âme sœur, pendant que Théo tente de la soigner.

Alec est également dans un état critique. Il ressent tout ce qu'elle ressent. C'est encore une fois à cause de cette fichue lune. Un loup ne peut pas vivre sans son âme sœur...

Je ne peux m'empêcher de penser à Marcus. Est ce que je serais dans le même état qu'Alec s'il devait lui arriver quelque chose ? Mon cœur se serre presque instantanément, et je chasse rapidement cette idée de ma tête. Ce n'est pas le moment.

Je serre un peu plus fort Alec dans mes bras. On peut ressentir sa douleur rien qu'à son regard. Il a l'air complètement détruit. J'essaie de retenir mes larmes pour rester forte devant Alec. Mais je suis complètement effondrée. Elle ne peut pas nous quitter... Elle n'a pas le droit ! Elle a encore tellement de choses à faire ici ! On a encore besoin d'elle !

On regarde Théo faire, sans rien dire. Alec murmure quelques prières à la lune, tout en essayant de lutter contre ses propres douleurs. Il ressent ce qu'elle ressent... C'est pour cela qu'un couple d'âmes sœurs ne peut survivre quand l'un meurt.

Tout à coup, je sens une main se poser sur mon épaule. Je sursaute et tourne la tête pour apercevoir Marcus. Il est accompagnée de la petite marabout. Elle pourra sûrement aider Théo à soigner Anaëlle. Un petite lueur d'espoir nait dans mes yeux. 

Soudain, Alec s'évanouit totalement dans mes bras. Son corps me tombe complètement dessus, et je crie aux autres :

- Théo ! Il ne va pas bien ! Vite !

La marabout s'approche de lui, et l'allonge au sol. Ses gestes sont totalement contrôlés, et elle est parfaitement calme. Je ne sais pas comment elle fait pour rester dans cet état. Elle est si jeune ! C'est complètement hallucinant. Elle est plus mature que nous tous alors que ce n'est qu'une enfant.

Elle commence à dessiner quelques cercles au sol, puis à murmurer des paroles dans une langue ancienne. Ses yeux se retournent, ne laissant apparaître que le blanc.