Chapitre 3

574 33 29
                                    

Aelys

Depuis que mon réveil a sonné ce matin, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai regardé par-dessus mon épaule, pour m'assurer que personne ne m'épiait.

OK, finie les histoires effrayantes pour toi, ma vieille !

Pourtant, rien ne semblait différent par rapport à d'habitude. Réveil à six heures, nourrissage de mon fauve, petit-déjeuner, séance de sport, douche, préparation, câlins et bisous pour Neko, puis départ pour le boulot. Ma routine matinale, quand je travaille, est plutôt bien ficelée. Moi qui suis du genre à m'éparpiller, j'ai très vite compris qu'il me faudrait mettre en place un plan carré, si je voulais être certaine d'arrivée au bout de mon doctorat, sans trop de dégâts.

Tout ça pour dire que ce matin était on ne peut plus normal...

Si on met de côté le nombre incalculable de fois où des frissons m'ont parcouru l'échine, sans la moindre raison apparente.

Entre deux patients, mon regard tombe sur l'écran accroché dans la salle d'attente de la clinique vétérinaire, qui diffuse, encore, une chaîne d'informations en continues. Comme tous les jours depuis des semaines, le reportage parle d'une attaque. Lycanthropes contre humains, ou humains contre lycanthropes, j'avoue que je ne saurais pas dire sans le son, et de toute façon, quelle importance ?

Un message se met soudain à défiler dans un bordereau jaune vif, tout en bas de l'écran. Un message nous appelant encore une fois à la prudence, nous, les humains.

Sauf qu'ils sont en partie humains, eux aussi... Tu m'étonnes qu'on finisse à moitié parano avec ce genre de message anxiogène à souhait !

Je me retiens de soupirer lourdement face à l'écran.

— C'est terrible toutes ces histoires...

Jennifer, une rousse pétillante dans la trentaine, et secrétaire de la clinique vétérinaire, fait une moue triste en regardant, à son tour, la télévision.

— Xavier insiste pour venir me chercher ici à la fin de la journée. Il n'aime pas savoir que je marche pour rentrer à la maison, je pense qu'il devient un peu parano à force de voir tout ça.

Bienvenu au club !

Xavier, son mari, était attentionné et l'adorait déjà plus que tout, avant qu'elle ne soit enceinte. Alors ça ne me surprend pas vraiment qu'il soit hyper protecteur avec elle, maintenant qu'elle entame son quatrième mois de grossesse. Jennifer me lance soudain un grand sourire, en me proposant :

— D'ailleurs, si tu veux qu'on te dépose au passage, surtout n'hésites pas !

Je lui rends son sourire et m'apprête à poliment décliner son offre, mais je suis coupée avant même de commencer, par la voix de Léonard. Il vient d'arriver dans la pièce, et passe aussitôt son bras autour de mes épaules, faisant instantanément se crisper mon corps, en disant :

— Bah, ce serait bête, vous devriez faire un détour ! Mais, si tu as besoin que quelqu'un te raccompagne, je m'en chargerais avec grand plaisir, Aelys.

Il me lance son plus beau sourire, celui qui fait se pavaner les femmes devant lui. Pourtant, tout ce qui me traverse l'esprit actuellement, c'est :

Arrête d'empiéter sur mon espace personnel !

Cependant, j'hésite une seconde à répondre positivement à sa proposition...

Ce serait l'occasion de lui dire ce que je pense ?

Sauf que je n'ai absolument pas envie d'être accompagnée pour rentrer. C'est peut-être bizarre, mais j'apprécie beaucoup ce moment de marche solitaire, qui me permet de décompresser entre le boulot et la maison.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant