Chapitre 76

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Aelys

En une poignée de secondes, je me retrouve face à ce loup majestueux, intégralement noir, qui s'ébroue de plaisir, avant de me rejoindre en quelques foulées souples. Je n'hésite pas une seconde avant de m'accroupir face à lui en souriant, et ne réfléchis pas plus en glissant mes doigts dans les poils épais de son cou musclé.

— Salut, toi. Ravie de te revoir enfin.

Son museau vient frotter contre ma joue, avant de me mettre grand coup de langue, bien baveux, qui recouvre la moitié de mon visage, ce qui me fait grimacer et rire en même temps.

— Sérieux ? Tu me baves dessus direct ? T'es aussi nul en première approche que Nolan...

Ce n'est pas réellement la première approche, mais c'est la première fois que nous nous rencontrons réellement, lui et moi. Les yeux du loup redeviennent humains quelques secondes, ce qui fait redoubler mon rire. Puis, quelque chose attire l'attention de Jenko, ses oreilles se dirigeant vers un bruit qu'il est le seul à entendre. En un clin d'œil, il s'élance à la poursuite d'un petit rongeur que je n'ai pas le temps d'identifier, vu la vitesse à laquelle il se carapate.

Je ne me vexe pas qu'il s'amuse de son côté, au contraire même, le simple fait de le regarder est un divertissement en soi. Assise sur l'herbe, je l'observe trottiner joyeusement, le nez en l'air, pour ne surtout pas perdre le papillon bleu qu'il suit. Nolan ne mentait pas, aussi étrange que ça puisse paraître ce loup imposant, et potentiellement létal, est fasciné par les papillons. Je n'ai pas demandé l'autorisation à Nolan, mais j'ai envie de dégainer mon téléphone pour prendre quelques photos. Ce que je finis par faire, en me disant qu'au pire, je n'aurais qu'à les supprimer.

Sauf que je n'ai le temps de n'en prendre qu'une seule, l'appareil photo de mon téléphone émet un petit « clic », qui suscite la curiosité de Jenko. Les oreilles dressées dans ma direction, il abandonne le papillon pour me rejoindre, pendant que je jette un coup d'œil au cliché que je viens de prendre. Il est magnifique dessus, son pelage noir brille sous l'un des rayons du soleil qui parvient à percer le feuillage épais des arbres, et son air à la fois concentré et joyeux, le rendent tout simplement adorable.

Un jappement de sa part me pousse à redresser la tête, et je n'arrive pas à retenir un haussement de sourcil amusé quand mon regard tombe sur lui. Pencher en avant, face à moi, l'arrière-train en l'air et la queue qui frétille énergiquement, Jenko m'invite à venir jouer avec lui. Sauf qu'apparemment, je ne me décide pas assez vite, parce que le loup, impatient, finit par se redresser, avant de me contourner pour se retrouver dans mon dos. Je sens la pression délicate de son museau humide contre ma peau, juste entre les omoplates, tandis que je souris intérieurement.

Pendant un instant, je fais mine de ne pas bouger. Je reste parfaitement statique. Puis, sans crier gare, je bondis sur mes jambes pour m'élancer. Un coup d'œil rapide par-dessus mon épaule, et mon rire résonne dans toute la forêt, effrayant sans doute un bon nombre d'animaux au passage. Mais honnêtement, face à l'expression de surprise de Jenko, je n'ai pas pu me retenir.

Faire la course contre un loup, ça n'a aucun intérêt. C'est lui qui gagne. À chaque fois. Sans exception. Est-ce que c'est une raison pour ne pas le faire ? Heureusement, non. Jenko et moi passons plus de deux heures à nous pourchasser, à nous taquiner, à nous tendre des embuscades et j'en passe. Jusqu'au moment où il me rejoint, toujours aussi foufou, en tirant un bout de bois – pour ne pas dire un tronc d'arbre – qu'il dépose à mes pieds.

À cet instant, les paroles de Mike me reviennent en mémoire...

« Tu parles d'un Alpha... On dirait un petit toutou à sa mamie ! »

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant