Un an plus tard.
Aelys
Ses yeux verts, si clair, m'observent intensément. On dirait qu'il attend une réponse de ma part...
Une réponse, ou que je baisse les bras ?
— Tu devrais dormir, tu sais ?
Je chuchote, et ses lèvres se plissent légèrement, comme s'il boudait. Il ne m'en faut pas plus.
— Argh, OK. Tu es beaucoup trop mignon, on laisse tomber cette histoire de sieste !
Je récupère mon fils, notre fils, à Nolan et moi, pour le serrer dans mes bras avec amour. Je respire son odeur de bébé que j'adore, avant de l'installer sur la table à langer pour le changer.
— On va te faire tout beau pour l'arrivée de mamie et papy, qu'est-ce que tu en penses ? Maman à rendez-vous avec un avocat tout à l'heure, il faudra être sage avec eux.
Pour toute réponse, il tape l'air avec ses petits pieds, en me lançant un sourire édenté. Son regard rieur me pince le cœur, ça arrive souvent, mais j'évite de me laisser aller. Pas devant lui.
Les dernières paroles de Nolan, son dernier souffle, étaient pour moi, alors que mes larmes coulaient abondamment et que cette impression de suffoquer me serrait le cœur. Notre lien s'est éteint en même temps que mon âme sœur, je l'ai senti s'atténuer, pour finalement disparaître. Comme si on refermait cette porte que Nolan avait ouverte en moi, comme si de rien n'était.
Sauf que ce n'était pas rien. Je ne voulais pas vivre avec ce vide en moi. Je savais que je ne le pourrais pas. Alors je suis restée près de lui, à pleurer toutes les larmes de mon corps, pendant que mon cœur se décomposait de chagrin et de douleur. J'ai eu une pensée pour mes parents, pour Neko, pour mes amis, je me suis convaincue que tout irait bien pour eux, j'étais prête à partir moi aussi. Je n'avais pas menti, je le retrouverais, peut importe où il irait...
Les flammes de l'incendie ont commencé à lécher les murs de la pièce, réchauffant considérablement celle-ci. C'est à cet instant que des bras puissants sont passés autour de ma taille pour me soulever du sol. J'ai crié, je me suis débattue, mais il ne m'a pas laissé là-bas. Je me souviendrais toujours de ses mots, quand il m'a assise sur le trottoir en me calant contre son torse :
«— Il n'aurait pas voulu ça, je ne peux pas te laisser faire... Tu vas devoir te battre. »
C'était Mike. Inquiet de ne pas voir arrivé Nolan, il s'était rendu jusque chez lui, et avait trouvé son téléphone par terre. En le déverrouillant, la photo que Léonard avait envoyée était apparu sur l'écran. Il n'a pas eu le temps de retourner dans la clinique pour chercher le corps de Nolan, le bâtiment à céder sous l'effet du feu, emprisonnant à jamais l'homme que j'aimais plus que tout, au milieu de ses décombres.
Comme si, tout à coup, tout s'accélérait, des gyrophares et des sirènes ont envahi la rue. Je me suis retrouvée dans une ambulance pour être examinée, alors que les flics embarquaient celui qui m'avait sorti de ce brasier. J'ai voulu les en empêcher, mais Mike lui-même m'en a dissuadée. Mes parents sont arrivés peu de temps après, j'ai vaguement souvenir qu'ils m'aient ramené à la maison, pas à mon appartement, chez eux, et m'ont allongé dans mon ancien lit d'adolescente, celui qu'ils avaient trimbalé de déménagement en déménagement.
J'ai sombré dans un sommeil profond duquel je ne me réveillais que pour pleurer. Ça faisait tellement mal de savoir qu'il n'était plus là. Les jours et les nuits se confondaient, je ne mangeais plus, ne buvait plus, ne parlait plus. Au bout d'un moment, Neko m'a rejoint. Je me souviens d'avoir senti la douceur de son pelage sur mes joues mouillées. Il passait son temps collé à moi. Nous dormions. C'était tout ce que je pouvais faire, je n'avais plus la force de rien, plus l'envie de rien.
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Be my fatality...
Werewolf« L'âme sœur, chez les lycanthropes, est un concept qui désigne une compatibilité amoureuse et sexuelle qui serait parfaite entre deux individus. L'expression a des définitions variables, mais toutes ramènent à l'idée selon laquelle ces individus on...