Be my fatality...

Chapitre 73

Aelys

C'est sur ces paroles, et un bon fou rire que nous achevons le délire que j'ai lancé. Les minutes et les kilomètres défilent, mais je n'y fais pas vraiment attention. Nous discutons de tout et de rien, avant de nous chamailler comme des gamins pour savoir ce que nous allons écouter comme musique. Du moins jusqu'à ce que je finisse par rappeler à Nolan, qu'il a lui-même avoué n'avoir aucune oreille musicale, ce qui, d'office, rend son opinion sur ce sujet peu fiable. Évidemment, il ne trouve pas d'argument à m'opposer, ce qui le fait bougonner dans sa barbe.

Je fonds devant son air de petit garçon boudeur, même si, avouons-le, avec sa mâchoire carrée, sa carrure bien dessinée et sa barbe de trois jours, Nolan n'a pas vraiment l'allure d'un garçon. Il n'empêche que c'est l'image que j'ai. Et c'est alors que je me sens exceptionnellement sereine, qu'une pointe d'inquiétude vient noircir le tableau. Elle est discrète, mais bien présente. Sauf que je suis incapable d'identifier la cause de cette inquiétude. J'essaie de me raisonner, de me concentrer sur la merveilleuse soirée que je passe, sur cette première fois sensationnelle avec Nolan, sur notre lien...

Notre lien !

C'est là que je percute.

Cette inquiétude ne vient pas de moi.

Comme pour le confirmer, après le court silence qu'à occasionner ma réflexion personnelle, Nolan reprend, d'une voix étonnamment sérieuse :

— Tu sais, tout à l'heure, j'ai vraiment cru que quelque chose t'avais fait flipper. Que c'était pour ça que tu t'étais éloignée de moi aussi vite... Et... En réfléchissant à ce qui aurait pu te pousser à agir comme ça...

Il profite d'un stop pour me regarder du coin de l'œil.

— Je me suis rendu compte qu'on l'a fait sans se protéger.

Oh...

Je regrette soudain d'avoir joué mon petit jeu.

— En vrai, je n'y avais pas pensé.

Mon cerveau analyse rapidement la situation. C'est une première pour moi. Dans la mesure où Ben allait voir ailleurs, il pensait toujours à mettre un préservatif lors des rares rapports que nous avions.

Quel homme charitable !

Cette pensée ironique est balayée par les faits présents. Nolan et moi avons agis stupidement. En général, même si on pense avoir confiance en l'autre, une discussion et des précautions s'imposent, avant que cette décision ne soit prise d'un commun accord.

Certes, il n'empêche que c'est fait, ma vieille ! On ne peut pas revenir en arrière, donc autant l'avoir maintenant, cette conversation, non ?

— Si ça peut te rassurer, pour des raisons qui aujourd'hui sont évidentes, Benjamin se protégeait toujours. Je n'ai eu aucun rapport depuis lui... ni avant lui, d'ailleurs, et je prends la pilule.

Je suis surprise de voir mon âme sœur froncer les sourcils, mais je le suis encore plus par sa question :

— Tu ne m'en veux pas ?

— T'en vouloir ? Nolan enfin, on était deux dans cette voiture, je n'y ai pas plus pensé que toi !

Il acquiesce en passant sa main libre dans sa barbe, lui aussi prends un instant pour réfléchir, avant de poursuivre :

— Après ce qu'il vient de se passer, je comprendrais que tu doutes. Mais, je suis clean, avant toi, je n'avais jamais oublié. Néanmoins, ça ne me dérange pas de me faire tester dès lundi.