Nolan
Comme hier, j'ai garé ma voiture à quelques rues de chez elles pour faire le reste du trajet à pied. Je jette discrètement un coup d'œil derrière moi, de temps en temps, pour vérifier qu'on ne me suit pas. J'ai peut-être l'air parano, mais après la menace de mon père, je ne serais pas surpris d'apprendre qu'il me fait suivre, pour s'assurer que j'obéisse bien à ses ordres cette fois.
Est-ce que ce serait si dramatique, d'être banni de la meute ?
Finalement, grâce à l'arrangement que j'ai avec lui, je n'ai jamais eu à me poser cette question.
Sauf que j'y reste pour une raison bien précise. Est-ce que je suis prêt à abandonner toutes chances de trouver ceux qui ont fait ça à maman ?
Pour une raison qui m'échappe, c'est la seule affaire que je n'ai jamais réussi à approfondir. Depuis huit ans, à chaque fois que j'ai l'impression d'avoir découvert un nouvel indice, je finis par me retrouver face à un mur.
Les relations de Daniel Johnson me sont indispensables.
Hier, dans le bureau de mon père, je me suis demandé si l'arrivée d'Aelys dans ma vie pouvait changer quelque chose par rapport à ma vengeance, mais je n'ai pas réellement pris le temps d'y réfléchir. Et voilà que, pour la première fois depuis que j'ai rencontré mon âme sœur, je ressens un véritable doute. Pas vis-à-vis d'Aelys, non, mais sur mon propre comportement. Mon esprit est tellement focalisé sur elle en ce moment, que j'ai complètement mis de côté ce pour quoi je me lève, m'entraîne, et même respire, depuis des années : ma vengeance.
Le corps soudain tétanisé, je me fige sur son balcon, le poing en l'air, prêt à toquer à la porte vitrée de sa cuisine, sans pour autant le faire.
Les gens qui lui ont fait ça, ne peuvent pas rester impunis, et il n'existe pas de meilleure justice, que celle qu'on applique soi-même.
Je déglutis avec difficulté, tandis que ma main retombe, avant que je ne recule d'un pas. La lumière s'allume soudain. Elle apparaît, un grand sac brun dans les mains, sans doute notre dîner. Incapable d'avancer, je n'arrive pas non plus à me décider à partir. Mes yeux détaillent son corps comme s'ils le voyaient pour la première fois...
Ou la dernière.
Sa longue robe blanche, sur laquelle s'entremêlent des fleurs et des papillons aux couleurs pastel, ne me laisse pas apercevoir grand-chose de ses jambes, néanmoins je devine la cambrure délicate de ses fesses sous le tissu. Malgré la distance, je distingue quelques taches de rousseur, que je n'avais pas encore remarqué, sur la peau pâle de ses épaules. Rappel de celles qui parsèment adorablement son petit nez retroussé. Quelques mèches de cheveux retombent sur sa nuque fine, tandis que le reste de sa chevelure brune est pris dans un chignon approximatif.
Ma propre mère est morte à cause de moi, comment est-ce que j'ose penser pourvoir protéger Aelys ?
Ce qu'implique cette pensée me fout vraiment la trouille. Je vois Aelys se tourner vers le couloir, ses lèvres bougent, mais je n'entends pas ce qu'elle dit. Puis un sourire illumine son visage, ce qui me laisse penser que son chat l'a rejoint. J'ai l'impression qu'on me comprime le cœur, et que mes poumons sont en feu, alors que je recule encore d'un pas. Un seul.
Mon quotidien est tellement sombre ! Bordel, j'ai mis une chemise à manches longues juste pour lui cacher l'ecchymose sur mon bras ! Il n'y a pas d'éclaircie pour moi... Mais elle...
Ma poitrine se contracte si fort, quand la réalité de la situation me saute enfin aux yeux, que je peine à respirer.
Je l'ai consciemment impliqué dans une situation dangereuse, en affirmant que je la protégerais... Alors que je sais pertinemment, que la meilleure façon de la protéger, était de ne pas l'approcher.
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Be my fatality...
Lobisomem« L'âme sœur, chez les lycanthropes, est un concept qui désigne une compatibilité amoureuse et sexuelle qui serait parfaite entre deux individus. L'expression a des définitions variables, mais toutes ramènent à l'idée selon laquelle ces individus on...