Chapitre 21

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Aelys

Sortir ? Quoi ?

— Attends, mais tu m'écoutes au moins ? Ton gars est là, j'ai juste besoin de savoir...

— Putain, Aelys, sors ! On s'en cogne de ce mec ! T'es en danger.

Ses paroles pourraient me sembler agressives, si je ne sentais pas tant de peur dans sa voix.

— OK, OK. Je suis justement à côté de la sortie de secours...

Mon premier réflexe est de me dire qu'il exagère probablement. Mais si sortir de cet endroit peut le détendre un tant soit peu, alors soit ! La main sur la poignée, je pousse avec force sur cette porte en bois qui me paraît particulièrement lourde. Une petite alarme s'allume dans mon cerveau, quand mon épaule va cogner contre cet ancien arbre, alors que la dite porte ne bouge pas d'un iota. Cependant, histoire de ne pas céder à la panique trop vite, et éviter de passer pour une imbécile de première, je me permets de prendre quelques secondes pour tirer dessus, on ne sait jamais ! Mais là encore, il ne se passe rien.

— D'accord. Euh... La porte ne s'ouvre pas.

Il jure entre ses dents.

— Les propriétaires l'ont sans doute fermée, pour éviter qu'une personne qui voudrait simplement sortir pour une cigarette, ne passe par là et déclenche l'alarme...

Je n'y crois pas une seconde. La réaction de Nolan joue probablement sur mon propre ressenti, mais je ne peux pas nier que cette sortie de secours devrait s'ouvrir.

C'est supposé être sa principale utilité après tout !

— Je vais passer par l'entrée principale. J'ai...

— Non, surtout pas !

— Je suis paumée là ! Tu t'agites pour que je sorte en vitesse, et maintenant, tu me dis que je ne dois surtout pas sortir. Tu te fous de moi ?

— Pas du tout, mais... Attends une seconde, s'il te plaît.

Il y a de l'agitation de son côté, et alors que je commence à me ronger nerveusement les ongles, je l'entends dire d'une voix lointaine, comme s'il éloignait le téléphone :

— Déb, appelle les pompiers, dis-leur qu'un incendie s'est déclaré au Angel's Lounge, le bar sur la rue Louis Pasteur.

— Tu fais quoi ?

Il ne répond pas à la magnifique médecin – dont les traits m'apparaissent sans aucune difficulté, faisant naître une pointe de jalousie dans ma poitrine – et reprend plutôt notre appel :

— Aelys, t'es toujours là ?

Pourquoi tu es chez elle, un vendredi soir ?

Je me retiens de justesse de poser cette question complètement inappropriée à voix haute. Ce qu'il fait de ses soirées ne me regarde absolument pas, après tout.

— Oui.

— Ne panique pas, d'accord ? Mais tu te retrouves au milieu d'une opération qui vise à faire mal. C'est quelque chose de plutôt classique, que j'ai déjà vu plus d'une fois. Les assaillants bloquent les évacuations, en prenant soin de n'en laisser qu'une seule, avant de mettre le feu au bâtiment, ou à celui d'à côté. Les personnes à l'intérieur se retrouvent bloquées par les flammes, et celles qui parviennent à trouver l'unique sortie sont... Attendues.

J'écoute tout en retournant, presque en courant, vers la salle principale du bar. Quand, comme pour confirmer ce que Nolan est en train d'expliquer, mon regard est attiré par une lumière douceâtre, et orangée, qui se reflète sur le parquet abîmé de ce qui me semble être un bureau, je pousse la porte entre-ouverte et...

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant