Chapitre 5

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Nolan

Elle s'est retournée.

En quittant la ruelle étroite où je m'étais réfugié, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder si elle était toujours là. Même si nos regards ne se sont pas croisés, je sais qu'avant de tourner dans la rue adjacente, Aelys a cherché un dernier contact avec moi. Peut-être que c'est pour cette raison, ou peut-être que c'est à cause du pétage de plombs de mon loup il y a quelques minutes ? Peut-être même que je me cherche tout simplement une excuse, plus ou moins valable, qui expliquerait que je m'apprête à prendre la décision la plus irrationnelle – pour ne pas dire débile – de ma vie. Même si, soyons honnêtes, à cet instant précis, elle me semble être la solution parfaite à ma situation.

Je dégaine mon téléphone en reprenant ma route, me faisant violence pour ne pas continuer à la suivre. Certain que mon loup ne tiendra pas le coup, si on recroise cette magnifique brune sans la ramener avec nous. D'où mon idée...

Quand on y réfléchit, c'est la meilleure option...

Après trois sonneries, la voix de mon meilleur ami retentit dans l'appareil :

— Ouais ?

— C'est moi. T'as un truc de prévu ce soir ?

— Rien d'important.

— Tu peux me retrouver au Angel's Lounge ?

Il marque une petite pause. Je sais qu'il se demande si c'est pour l'histoire de l'avocat ou celle de mon âme sœur, que je lui demande de me rejoindre là-bas.

Les deux, mon pote.

— Je prends une douche, je graille un truc, et je te rejoins.

— Ça marche.

Nous raccrochons sans nous dire au revoir, simplement parce que nous ne le faisons jamais, encore moins quand on sait qu'on va se voir dans moins de trente minutes.

Quand j'arrive au Angel's Lounge, une musique rock old school s'échappe des enceintes, et mes yeux mettent quelques secondes à s'adapter à la lumière tamisée du lieu, avant de repérer Mike. Il a eu le bon sens de s'installer à une table en retrait, une bière et un soda sont déjà posés sur celle-ci, tandis que mon acolyte m'attend patiemment en lisant un truc sur son téléphone.

— Salut.

Ses yeux quittent le petit écran, qu'il verrouille avant de glisser son smartphone dans sa poche, pour pouvoir me faire un poing à poing, pendant que je m'installe.

— Ça va ?

À son intonation, je sais que ce n'est pas le « ça va ? » banal qu'on balance à tout-va, sans réellement s'intéresser à la réponse. Il est sincèrement inquiet pour mon loup et moi, sans doute à raison.

— J'ai eu une petite complication avec lui, tout à l'heure, juste avant de t'appeler.

Il n'a pas besoin que je précise que « lui » c'est mon loup, il le sait parfaitement. Tant mieux, d'ailleurs, parce que je doute que le Angel's Lounge soit l'endroit idéal pour balancer fièrement qu'on est un lycanthrope.

Et c'est ici que j'ai découvert mon âme sœur... Putain ! J'espère qu'elle ne fait pas partie d'un groupe extrémiste ou une connerie dans le genre !

Cette possibilité ne m'avait pas traversé l'esprit avant cet instant, sauf qu'avec le bol que j'ai en ce moment, j'avoue que ça ne me surprendrait qu'à moitié. Mike m'observe attentivement, tout en prenant une gorgée de sa bière, avant de me demander :

— Quel genre de complication ?

Pas très fier, je lui raconte les circonstances qui m'ont poussé à entrer en contact avec Aelys. Sans grande surprise, il me traite d'abruti, en me fusillant du regard. Je ne lui en veux pas. Avec le recul, j'ai conscience que si mon loup était entré en frénésie et avait pris le contrôle, j'aurais pu sauvagement butter le mec qui était avec elle, en plein milieu d'une rue bondée, et ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant