Chapitre 81

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Aelys

Pendant de longues minutes, mes larmes ont coulé sans que je ne parvienne à les retenir. Se mélangeant incognito aux gouttelettes d'eau qui ruisselaient déjà sur mes joues, avant d'aller s'écraser contre les doigts de Nolan. Avec le nombre incalculable de livres à l'eau de rose que j'ai lu, et les dizaines d'heures passées devant des films du même genre, on aurait pu s'attendre à ce que je trouve une réponse sincère et touchante à dégainer... Ce n'est pas le cas. Je me suis contentée de fondre en larmes dans ses bras.

Peut-être que je regretterais ce silence plus tard, probablement même. Mais sur le coup, tous les mots, même un « je t'aime », me semblaient dérisoire face à cette déclaration, alors j'ai essayé de lui transmettre tout l'amour que je ressens pour lui, en l'enlaçant de toutes mes forces. Nolan m'a rendu mon étreinte. Je crois que c'était sa façon de me rassurer, de me faire comprendre qu'il n'avait pas besoin que je dise quoi que ce soit.

C'est alors que nous étions là, à nous enlacer jusqu'à en avoir les bras endoloris, qu'un canard est venu se poser sur l'eau calme du lac, à quelques mètres à peine de nous. Nos deux visages se sont instantanément tournés vers lui, et après une poignée de secondes à nous fixer, l'oiseau s'est soudainement mis à cancaner bruyamment en battant des ailes dans notre direction. On aurait dit qu'il était outré de nous trouver là, dans les bras l'un de l'autre, sur son propre territoire, et qu'il nous passait un savon. C'était à la fois très drôle et très flippant. Autant dire que nous sommes sorties de l'eau, en nous marrant certes, mais nous n'avons pas pris le risque de le défier en poursuivant notre câlin, ni notre baignade. En toute franchise, je ne pensais pas qu'un canard pouvait se montrer si hargneux !

C'est seulement une fois l'épisode canardesque passé, et notre souffle repris après notre fou rire, que je me rends compte que le soleil, qui a brillé toute la journée, commence à décliner. Je ne sais pas exactement quelle heure il est, mais pas besoin d'une montre pour savoir que le moment du départ est de plus en plus proche. Nolan doit se faire la même réflexion, parce qu'il m'enlace rapidement, déposant un baiser sur mon front, avant de me demander :

— Je vais récupérer les affaires qu'on a abandonnées avant, ça t'ennuierait de nous chercher des serviettes ?

— Pas de soucis.

— Tu te souviens du code ?

— Ouaip.

Je me mets sur la pointe des pieds pour l'embrasser une dernière fois, avant de me diriger vers la porte-fenêtre qui donne sur la cuisine, et taper le dit code sur le petit clavier habillement dissimuler dans un pan du mur.

Moins de cinq minutes plus tard, nous nous rejoignons sur la terrasse, je tends une serviette à Nolan et reste sans voix face à la scène qu'il m'offre. Il est magnifique, là, le visage serein, avec les rayons du soleil qui caressent sa peau dorée, alors qu'il se sèche rapidement les bras, puis le torse.

J'ai l'impression que je ne pourrais jamais être rassasié de cet homme, et j'adore ça, cette sensation de pouvoir tomber amoureuse encore plus intensément à chaque seconde. Du coin de l'œil, je vois mon téléphone posé sur la table, Nolan l'a récupéré avec tout le reste, et c'est plus fort que moi. Je prends le petit appareil pour immortaliser ce moment. Un cliché furtif, auquel il ne s'attendait pas, et quand il s'en rend compte, il me rejoint en moins de deux. Je m'attends à ce qu'il vienne voir à quoi il ressemble sur la photo, que nenni ! À la place, il passe son bras autour de mes épaules pour me rapprocher de lui, en me demandant, tout sourire :

— On devait en prendre une de nous deux, non ?

— C'est vrai...

Pourtant, j'hésite un instant. C'est ridicule, mais je sais que mes cheveux ne ressemblent plus à grand-chose, que je dégouline toujours, et que j'ai pris un léger coup de soleil sur le nez et les pommettes, en restant plus de cinq minutes sous le soleil brûlant de ce mois d'août.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant