Chapitre 70

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Aelys

Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu une fête d'anniversaire aussi sympa.

Neuf ans, pour être exacte.

Benjamin ne disait jamais rien durant la soirée, il « encaissait », comme il aimait à me le répéter une fois qu'on se retrouvait seuls. Il encaissait mon attitude frivole, mes conversations sans intérêt, mes tenues, et j'en passe. C'est plus tard, avec l'aide de ma psy, que j'ai compris qu'en réalité, le problème, c'était surtout qu'il n'encaissait pas de ne pas être le centre de mon univers pendant toute une soirée.

Mais ça, c'est du passé...

Ce soir il y a eu des discussions sur tout et n'importe quoi. Certaines ont peut-être été sans intérêt, mais on s'en balance. Il y a eu des rires, des banalités, un repas exquis, un fraisier à se damner, des révélations inattendues, mais adorables, et une ribambelle de photos. Je sais que Nolan a vu les dizaines de clichés encadrés chez mes parents, il faut dire aussi qu'à moins de souffrir d'une sérieuse déficience visuelle, c'est impossible de les louper. Il n'a probablement pas fallu longtemps à mon âme sœur pour se rendre compte que le dernier où j'apparais n'est pas des plus récents, ni pour faire le calcul et les rapprochements. Je l'imagine parfaitement, debout, dans ce couloir, à se donner pour mission qu'une nouvelle photo de moi rejoigne les autres. C'est sans doute pour ça qu'il a dégainé l'appareil de mes parents plus vite que son ombre quand ma mère est arrivée avec le gâteau, et qu'il ne l'a relâché qu'une fois certain qu'il avait la photo parfaite de nous trois, mais aussi des autres invités.

J'ai donc maintenant un magnifique cliché avec ma charmante cousine... Charmante, mais très agaçante – et un peu suicidaire ? – ce soir !

Mon regard glisse vers le conducteur, assis à côté de moi. Nolan tient le volant d'une main, tandis que l'autre est posée sur la peau nue de mon genou, où son pouce fait de petits aller-retours. Nous avons pris la route pour notre week-end il y a quelques minutes maintenant, et l'impatience qui règne dans l'habitacle est presque suffocante. Pourtant, nous sommes restés silencieux jusque-là, ou du moins, je suis restée silencieuse. J'ai eu une montée d'adrénaline quand nous avons rejoint le plus discrètement possible sa voiture, mais pour être honnête, elle est déjà retombée. En revanche, cette boule de jalousie, mêlée d'une pointe d'agacement, qui s'est installée en moi à la seconde où Mélanie à poser les yeux sur Nolan, et qui n'a cessé de grandir tout au long de la soirée, elle, ne semble pas vouloir retomber.

Bordel... Moi qui craignais que notre histoire se cantonne à des soirées volées dans mon appart, voilà que je réfléchis sérieusement à y séquestrer cet homme ! Juste pour être certaine que plus personne ne pose les yeux sur lui, jamais...

La lèvre inférieure coincée entre les dents, je la mordille distraitement.

Ou alors, plan B. Je me débarrasse de toutes celles et ceux qui baveront sur mon mec. Ça va demander une sacrée organisation au rythme où les noms vont s'accumuler...

Je me secoue mentalement.

Est-ce que je suis réellement en train de réfléchir à ça ?!

Un petit soupire m'échappe.

OK ! Là, ça devient beaucoup trop flippant...

— Nolan ?

— Oui, ma belle ?

— Est-ce qu'on peut parler d'un truc ?

Il profite d'un feu rouge pour se tourner vers moi, l'air inquiet.

— Je me disais bien que tu ruminais. Qu'est-ce qui te tracasse ? Tu... Tu n'as pas passé une bonne soirée ?

— Si, je suis vraiment très heureuse que tu sois venu, je l'aurais regretté si tu n'avais pas été là. J'ai paniqué, au départ quand tu l'as proposé, mais... Bon, bref. Ce n'est pas le sujet.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant