Chapitre 19

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Nolan

J'arrive, comme prévu, trente minutes plus tard chez Déborah, chargé des boites de pizzas et d'un petit sac en papier contenant nos boissons et notre dessert. Mon trajet d'une tranquillité sans pareil m'a, bien évidement, conduit à penser à Aelys. Je me suis demandé si elle était de garde à la clinique vétérinaire ce soir, ou si elle avait déjà terminé sa journée de travail. Forcément, je me suis interrogé sur quel genre de vendredi soir elle pourrait être en train de passer et si, de temps en temps, elle pensait à moi. Je ne vais pas mentir, une partie de moi lui souhaite, sincèrement, d'être déjà passé à autre chose. Comme elle est humaine, je ne sais pas exactement comment elle ressent les choses par rapport à cette histoire d'âmes sœurs. Mais, il y a aussi cette autre partie de moi, terriblement égoïste, qui souhaite ardemment qu'elle ne puisse pas passer à autre chose, qui espère silencieusement que je la hante autant qu'elle me hante.

— Oui ?

La voix, légèrement modifiée, de Déborah me parvient depuis le petit interphone, sur lequel je viens d'appuyer.

— C'est moi.

— Je t'ouvre.

Je m'empresse de rentrer, quand le « bip » de la porte m'indique qu'elle est déverrouillée, avant de grimper les escaliers jusqu'au troisième et dernier étage. La blonde, aux traits plus fatigués que d'habitude, me sourit amicalement en me faisant signe d'entrer dans son appartement.

— Désolée de t'avoir appelé à la dernière minute, mais je suis sortie tard du boulot. La journée a été vraiment très intense.

— Beaucoup plus que d'habitude ?

Elle récupère le sac en papier pour me permettre de tenir notre repas de manière un peu plus stable, pendant que je la suis jusque dans sa cuisine impeccable.

— Franchement, tu n'as pas idée.

— À cause des tensions entre humains et lycanthropes ?

Je dépose mon fardeau sur le bar, avant de me laver les mains et de m'installer, pendant qu'elle acquiesce en attaquant déjà sa pizza.

Je n'étais pas le seul à avoir les crocs !

— Pardon, mais c'est mon premier repas de la journée. Autant te dire que j'ai guetté ton arrivée !

Elle s'essuie rapidement la bouche avec une serviette, avant de reprendre :

— Pour répondre à ta question, oui. Toutes les personnes que j'ai vu aujourd'hui, avait été blessé suite à une bagarre, ou un « accident ». J'ai même un gars qui est arrivé avec une hache...

Son regard tombe sur le morceau de pizza dans lequel j'allais croquer.

— Je ne vais peut-être pas te raconter ça pendant qu'on mange en fait. Bref, la situation était bancale, et sans grande surprise, elle se casse la gueule.

Déborah marque une pause, mais je sens qu'elle m'observe.

— Et toi ? Comment ça va, comment tu vis tout ça ?

— Les conflits entre nos espèces ne sont pas nouveaux, tu sais.

Je sais parfaitement que ce n'est pas sur ce sujet qu'elle m'interroge, mais je n'ai pas envie de parler du reste.

— Nolan, ne te fais pas plus abruti que ce que tu es. Comment tu te sens en étant loin d'elle ?

— Mal. Mais, ce n'est pas pour parler de moi qu'on est là.

— C'est vrai. Cependant, vu la tronche que tu as, on va quand même un peu parler de toi. Tu n'as pas dormi depuis combien de temps ? Et je parle d'une vraie bonne nuit de sommeil.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant