Chapitre 22

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Nolan

Je roule bien au-dessus de la limite de vitesse réglementaire, j'ai grillé deux feux rouges, et suis passé à deux doigts de l'accident une bonne dizaine de fois, depuis qu'Aelys m'a raccroché au nez.

Contrairement à moi, qui oscille entre la rage pure contre mon père, et la peur vertigineuse qu'il arrive quelque chose à mon âme sœur, mon loup, lui, semble parfaitement serein pour la première fois depuis une éternité. Comme si le simple fait de savoir que nous sommes en route pour la retrouver, suffisait à le rassurer. En revanche, nous sommes tous les deux d'accord sur le fait que le chemin pour arriver jusqu'à elle, est bien trop long !

Je prends un virage un peu serré, rejoignant enfin la rue Louis Pasteur, avant de piler des deux pieds sur le frein, pour ne pas rentrer de plein fouet dans la voiture à l'arrêt devant moi.

Des bouchons ? C'est une blague !

Cette petite rue n'est pas très passante en règle générale, et même si ça m'agace au plus haut point, j'espère au fond de moi, que ce sérieux ralentissement est dû à l'intervention des pompiers au Angel's Lounge.

Si les pompiers sont là, les hommes de mon père vont se barrer. Ils ne prendront pas le risque d'être pris en flagrant délit. Il faut que ça fasse du bruit, mais il ne faut surtout pas qu'on puisse rattacher cette action à des noms.

Les yeux rivés sur le tableau de bord, j'ai l'impression que les minutes sont des heures, et je ne tiens littéralement pas plus deux minutes avant de commencer à craquer...

Je ne peux pas faire ça, si les flics me chopent, je suis bon pour la taule.

Mon loup grogne pour me laisser savoir qu'il n'en a rien à foutre, qu'il faut qu'on avance. Or nous savons tous les deux comment aller plus vite. Il reste calme, mais cet arrêt obligatoire ne semble pas l'inspirer lui non plus. Je jette un coup d'œil rapide autour de moi en jurant, pas certain de savoir si je pourrais distinguer des gyrophares depuis l'endroit où je me trouve. Mon regard tombe une nouvelle fois sur les chiffres bleus du tableau de bord. Une autre minute est passée. Cette fois, je lâche prise.

Envoyant définitivement valser le bon sens et la prudence, je braque le volant et mets les gaz dans la direction opposée. Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour trouver un endroit discret où laisser ma voiture, avant d'envoyer un message à Mike.

Nolan : J'ai besoin de toi. Tu peux récupérer ma bagnole, et la déposer chez elle, s'il te plaît ?

Je joins les coordonnées que m'indique mon GPS au message, sans préciser qui est le « elle », il le saura. Je n'attends pas sa réponse, et me dépêcher de me déshabiller dans l'habitacle, avant de vérifier qu'il n'y ait personne dans les parages, pour sortir de ma voiture.

Je sais que ce n'est pas tout rose en ce moment entre nous, mais je te fais confiance, donc s'il te plaît, ne fais pas le con.

J'inspire un grand coup, pas encore tout à fait sûr que je ne suis pas en train de commettre une énorme connerie. Pourtant, moins de cinq secondes plus tard, un loup, intégralement noir, prend ma place. Après s'être rapidement ébroué, satisfait d'être aux commandes après autant de temps, il s'élance avec souplesse dans les ruelles sombres de la ville, pour rejoindre ce bar qui, honnêtement, commence à me sortir par les trous de nez !

***

Aelys

Je prends conscience que j'ai des larmes plein les yeux, quand l'une d'entre elles glisse silencieusement sur ma joue. Mon esprit et mon corps me paraissent soudain fatigués et engourdis, tandis que je regarde la foule s'agiter, sans savoir comment gérer cette nouvelle situation. Du moins jusqu'à ce qu'une seconde détonation ne retentisse dehors, me faisant sursauter, au point de faire naître un point de douleur, qui m'est bien trop familier, dans la poitrine.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant