Chapitre 46

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Nolan

Dans son métier, Aelys ne peut pas se permettre d'avoir le nez collé à son téléphone. Question de concentration et, potentiellement, de vie ou de mort. Je le sais... Ça ne signifie pas que ça n'a pas été un supplice, d'attendre jusqu'à midi pour prendre de ses nouvelles.

Dès mon réveil, j'ai dû me faire violence pour ne pas lui écrire direct, j'étais encore complètement euphorique après le baiser qu'on a échangé. Baiser qui, je le rappelle, n'en était absolument pas un. D'un point de vue purement scientifique – ne me demandez pas ce que vient faire la science là-dedans – c'était juste la meilleure façon de la ramener dans le moment présent, tout en lui prouvant, que je ne partais pas à cause d'elle, mais bien à cause de mon désir pour elle. Ce qui est complètement différent !

Le truc, c'est que même si je sais maintenant qu'elle est sensible à notre lien d'âmes sœurs, j'ai aussi constaté qu'il y a des choses sur lesquelles elle n'est pas prête à s'ouvrir. Nous en avons appris beaucoup, l'un sur l'autre hier soir, néanmoins, j'ai remarqué qu'Aelys a tendance à éviter toutes les questions liées à une partie de son passé. Son enfance ? Pas de soucis. J'ai découvert que c'était une petite fille curieuse, un poil cascadeuse, et de toute évidence, très intelligente. Ses différents voyages avec ses parents ? Elle est fière de partager ses expériences, et les anecdotes qui y sont liées. En revanche, bon courage pour en apprendre plus sur son adolescence et la suite !

Je reste persuadé que c'est à cause de quelqu'un qu'elle a érigé une muraille autour de cette partie de son histoire, sans doute un homme. C'est pour ça que je n'insiste pas, que je me montre patient.

Elle m'en parlera quand elle sera prête. Puis, avec ce que je lui ai raconté hier, j'espère qu'elle se doute que je ne la jugerais pas !

Un soupir m'échappe, tandis que j'essuie les gouttes de sueur qui dévalent mon torse, à l'aide de mon t-shirt roulé en boule. Il fait une chaleur de tous les diables aujourd'hui, travailler à l'extérieur, en plein soleil, était une idée moyennement lumineuse. Mais quand je suis arrivé à la maison ce matin, on était loin d'avoir une température aussi élevée, donc je ne me suis pas vraiment posé de question en reprenant mon travail sur la terrasse.

Mon regard glisse sur la surface lisse et tentante du lac en face de moi. Comme il n'y a pas un chat dans les alentours, je jette mon t-shirt au sol, tout en retirant mes chaussures de sécurité et mes chaussettes, suivis de près par mon short. J'hésite une seconde à enlever mon boxer, une baignade en tenu d'Adam est plutôt alléchante, mais je me ravise en me rappelant qu'on doit me livrer du carrelage aujourd'hui.

Manquerait plus que le livreur me surprenne à poil !

Des frissons de plaisir parcours l'intégralité de mon corps, à la seconde où mes orteils entrent en contact avec l'eau. La sensation de satisfaction est indescriptible, et quand je peux me le permettre, je ne résiste pas et plonge intégralement sous l'eau. Je fais de grandes brasses, avant de remonter à la surface. En me retournant, mes yeux tombent illico sur la maison, c'est à cet instant très précis que je prends ma décision...

Je ne la vendrais pas.

Un sourire satisfait et rêveur étire mes lèvres, le même que j'avais hier soir en quittant l'appartement d'Aelys. Soudain pensif, je me laisse flotter sur le dos, savourant le silence autour de moi, et les caresses délicates de l'eau sur mon corps. Derrière mes paupières closes, je me remémore justement notre soirée de la veille.

Je n'avais pas prévu de lui parler de ma mère, ni de mon passé, du moins pas aussi tôt. Mais finalement, c'était important qu'on ait cette conversation tous les deux, surtout après la panique qui m'a submergé sur son balcon.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant