Chapitre 34

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Aelys

J'ai dû sombrer au bout d'un moment. Je ne m'en souviens pas, c'est tout. Mais c'est la seule explication possible...

Après tout, on ne se retrouve pas à dormir sur les gens par hasard !

Même si, quand on y réfléchit, cette pseudo-explication, en réalité, n'éclaircit absolument pas la situation. Oh, je ne me plains pas d'être étalée sur Nolan, loin de là, mais ce n'est pas la question...

D'ailleurs, je vais rester comme ça encore un peu. Juste le temps de comprendre. Quitte à se triturer la cervelle dès le matin, autant être confortablement installée !

Hier soir, nous avons un peu parlé de la meute Émeraude et de Jenko, mais aussi de mes études et de mon métier. Les discussions sont restées plutôt légères, je crois qu'aucun de nous n'avait envie de se lancer sur quelque chose de plus complexe, comme les sentiments, les âmes sœurs, ou pire encore, les relations entre humains et lycanthropes en ce moment ! Après presque deux heures à papoter, j'ai reproposé à Nolan de regarder un film (je n'avais pas envie qu'il parte tout de suite). Nous avons jeté notre dévolu sur Split. Un film que nous adorons tous les deux, mais qui, apparemment, n'a pas réussi à nous tenir éveillé.

Il va falloir qu'on se refasse une soirée entre « amis » du coup...

Même si cette petite rétrospection ne m'aide pas vraiment à comprendre comment je me suis retrouvée affalée sur Nolan, je souris discrètement à cette pensée.

Toujours est-il que nous voilà, tous les deux allongés sur mon canapé. Nolan est sur le dos, un bras replié derrière sa tête, ce qui met en valeur la courbe de son biceps. Mon regard suit cette courbe, et je crois y distinguer deux cicatrices, qui vont se perdre sous le tissu de son t-shirt bleu. Je ne suis pas vraiment surprise, j'ai déjà entendu dire que les corps des lycanthropes avaient souvent plus de marques. Il faut dire aussi que, même si l'esprit de l'homme et celui du loup sont bien distincts, en ce qui concerne les corps, c'est différent. Une blessure sous la forme lupine, que se soit un os brisé ou une simple égratignure, marquera également la forme humaine, et inversement.

Je poursuis mon analyse silencieuse (et clandestine) de celui qui m'a servi d'oreiller cette nuit. Son visage est parfaitement détenu, ses lèvres un peu ouvertes, laissent échapper un petit filet d'air régulier, et quand mon regard tombe sur son nez, je remarque une légère bosse sur celui-ci...

Est-ce qu'il l'a un jour cassé ?

Ses paupières bougent un petit peu de temps en temps, comme s'il était en train de rêver. Les mèches châtaines de sa coupe undercut n'ont apparemment pas bougé de la nuit, et si jusque-là je trouvais le tout adorable, j'avoue que ce détail m'agace un tantinet !

Non mais sérieux, personne n'a le droit de se réveiller sans un épi de travers après avoir dormi ! Encore moins dans ses conditions... Mon canapé est dix fois trop petit pour lui !

Bon, je m'emporte un peu, c'est évident qu'un crâne dégarni, ou chauve, n'aura pas le moindre problème d'épi. D'un autre côté, Nolan n'est pas encore réveillé, et la joueuse en moi n'a plus qu'une envie, ébouriffer ses mèches parfaites.

Simple question d'équilibre, de justice même, je dirais ! Pas besoin de miroir, pour savoir que mes propres cheveux ressemblent à un nid d'oiseau pris dans une tempête.

Minutieusement, je tends la main en faisant bien attention de ne pas trop bouger le reste de mon corps. Bien sûr, le fait que ça me permette de glisser mes doigts dans ses cheveux, n'a absolument rien a voir avec cette prise de décision...

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant