Be my fatality...

Chapitre 84

Nolan

Toute la sérénité qu'a pu m'apporter notre week-end s'est fait balayer en un battement de cils, à la seconde où Aelys a refermé la portière de ma voiture derrière elle. Je sens la tension dans ma nuque me peser à chaque seconde qui passe sans elle, quant à Jenko, il ne vaut pas mieux. Il tourne en rond dans ma tête, ne se privant pas de me faire savoir qu'il désapprouve cette séparation – même temporaire – en grognant inlassablement d'impatience. Je ne vais pas raconter de salades, j'ai hésité à rester devant la clinique vétérinaire, juste une petite heure – ou trois... Voir huit – pour m'assurer que tout allait bien. Seulement, un message de Mike, m'indiquant que Déborah et lui avait découvert un truc dont il faut absolument qu'on parle, m'a décidé à rentrer chez moi.

Le problème, c'est que depuis de longues minutes maintenant, je n'arrive plus à sentir mon lien avec Aelys. Techniquement il est bien là, dans le sens où il excite toujours, mais c'est comme si elle ne ressentait rien.

Comme si elle dormait...

Histoire de ne pas virer parano pour rien, je lui ai envoyé un sms il y a exactement deux minutes. Un message en toute simplicité, dans lequel je lui demandais comment elle allait.

Deux minutes vingt-six.

J'assassine mon téléphone du regard, avant de le laisser tomber sur le canapé. D'un commun accord avec moi-même, j'ai décidé d'attendre cinq vraies minutes avant de péter les plombs et de débarquer comme une furie sur son lieu de travail.

C'est là qu'elle dort vraiment... T'auras bien l'air con, mon gars !

Sauf qu'à ma connaissance, passé pour un imbécile n'a jamais tué personne. Être un imbécile, sans doute, mais passé pour... Je ne crois pas. Je prends donc le risque.

Histoire de ne pas être deux à tourner en rond comme des loups en cage, je m'occupe en rangeant le contenu de la glacière dans le frigo, puis vide mon sac de voyage. Malgré tout, mon regard est inlassablement attiré par les chiffres sur le micro-ondes, qui passent à la fois beaucoup trop vite et pas assez...

Trois minutes cinquante.

Je me dépêche d'aller dans ma chambre pour me changer, et c'est pendant que j'enfile un t-shirt propre, que mon téléphone m'annonce une nouvelle notification. Ni une, ni deux, je me précipite au salon. Le bras bloqué dans le mauvais trou du t-shirt, je passe cinq bonnes secondes à me débattre avec ce foutu bout de tissu, avant de pouvoir, enfin, prendre l'appareil.

Si c'est une connerie, dans le genre vous avez récupéré toutes vos vies à Candy Crush, c'est officiel, je pète une pile !

Heureusement, c'est un message. Un message d'elle. Mon soulagement quand je lis son nom sur l'écran de mon smartphone est tellement intense, que j'ai l'impression qu'on vient de me retirer une chape de plomb des épaules.

Sauf que ce soulagement est de bien courte durée. Dès l'ouverture du message mon sang ne fait qu'un tour, et la chape de plomb pèse cent fois plus lourd qu'avant sur mes épaules. Je n'ai pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre ce que je regarde. Cette photo m'enrage autant qu'elle me fout les jetons.

Putain, putain, putain... J'aurais dû rester avec elle !

Mon poing se serre sur le téléphone, tellement fort que je lui arrache un craquement plaintif, avant de le balancer avec rage sur le canapé pour me précipiter vers ma voiture. Le temps que je m'installe derrière le volant, la colère a pris le dessus. Je sens une fureur froide et sans limite se propager dans mes veines, ce qui n'empêche pas mon esprit de fonctionner à plein régime.