Be my fatality...

Chapitre 28

Nolan

Je m'apprête à demander à mon meilleur ami de nous laisser quelques minutes. Juste le temps de savoir où on en est, Aelys et moi, mais celle-ci me devance...

— Mike, est-ce que tu pourrais nous laisser une seconde, s'il te plaît ?

— Pas de soucis, petit ange.

Il me met une tape sur l'épaule, en poursuivant :

— Je t'attends dans ta voiture. Elle est garée à deux rues d'ici, je t'envoie l'adresse par sms.

De peur que ma voix ne trahisse le léger stress que je ressens en attendant de savoir comment mon âme sœur voit les choses. Je me contente d'un hochement de tête pour lui répondre. Il fait un dernier signe à Aelys, avant de se diriger vers la porte d'entrée, mais se ravise au dernier moment, sans pour autant se retourner vers nous...

— Au fait. Tu m'as demandé comment on était entré chez toi hier...

Il sort deux clefs de sa poche, que je reconnais illico, pour les déposer sur le guéridon à côté de lui.

— Toutes les décisions qu'il a prisent jusque-là n'étaient pas les meilleures, mais toutes ont été prises pour ta sécurité. Peu importe qu'il ne te connaisse pas, tu es importante pour lui. Je ne sais pas ce que tu as ressenti, depuis votre rencontre, mais sache que si pour toi, une humaine, ça a été ne serait-ce qu'un tout petit peu gênant, pour lui, ça a été un million de fois pire. Trouver son âme sœur est particulier pour un lycanthrope, autant pour la partie humaine, que pour l'animal en nous. Il ne pouvait pas faire autrement que d'essayer de te rencontrer. Il a dû s'adapter à une situation compliquée, lutter contre une partie de lui-même...

Mike se retourne légèrement, juste assez pour sourire faiblement à Aelys.

— Faire avec l'idée que tu ne voulais pas de lui. Alors ne sois pas trop dure, quand il t'expliquera comment il a eu ce double.

Ma gorge se serre, tandis que mon meilleur ami lance un ultime clin d'œil à la brune.

— Je te les laisse là.

À part le cliquetis de la porte que Mike referme derrière lui, il n'y a plus aucun bruit dans la pièce. Je sens le regard d'Aelys sur moi, mais je n'ose pas relever la tête pour le croiser. Oui, je me défile, alors que mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine en attendant sa réaction.

— Pourquoi est-ce que tu penses qu'âmes sœurs, c'est pire que coup de foudre ?

Sa question me déroute, je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais, mais certainement plus à ce qu'elle me passe un savon pour m'être retrouvé en possession d'un double de ses clefs d'appartement, plutôt qu'à cette question.

Je redresse enfin la tête. À la seconde où mon regard plonge dans ses magnifiques yeux noisette, qui me dévisagent avec une telle intensité que j'ai l'impression que le monde s'est arrêté, l'évidence me coupe le souffle...

Je ne veux pas qu'elle me déteste... Je ne veux pas qu'elle m'ignore... Je ne peux pas revivre une semaine comme celle qui vient de s'écouler !

La tête légèrement inclinée sur le côté, elle m'observe à travers ses longs cils, en se mordillant l'intérieur de la joue, attendant patiemment une réponse. Que je finis par lui donner :

— Un coup de foudre, ça peut se simuler, et même finir par s'estomper avec le temps. Trouver son âme sœur, c'est...

Je prends un instant pour chercher mes mots.

— Une fatalité. On ne peut pas lutter contre, on ne fait pas semblant, et il n'y a pas de date d'expiration.

***