Be my fatality...

Chapitre 30

Nolan

Les yeux écarquillés – et un peu soulagé malgré tout – je dévisage mon père, sans cacher ma surprise.

— Bien sûr que non. Enfin, réfléchis une seconde, Nolan ! C'était l'endroit où j'étais certain de trouver comment faire le lien entre l'avocat, le Boss, et les disparitions. Pourquoi est-ce que j'y aurais mis le feu ?

Vu comme ça...

— Tu as une idée de qui aurait pu faire ça ?

— Pas pour le moment.

Il se frotte la mâchoire, un geste qu'il fait machinalement quand il est fatigué.

— Mais j'ai tout de même réussi à avoir des noms. Un homme et une femme, potentiellement en couple...

Il ouvre l'un des tiroirs de son bureau, en poursuivant :

— Je voulais savoir si leurs noms te disaient quelque chose. Comme tu as été le premier à gérer cette affaire. Il s'agit de Léonard Hill et... Argh, où est-ce que j'ai mis ce papier... La jeune femme a un prénom peu commun...

Il fouille dans ses documents, tandis que mon sang se glace. Je déglutis avec difficulté, le souffle court, sachant pertinemment que je connais le nom qu'il cherche. Mon cerveau est soudain en ébullition, assailli par des dizaines d'options, désespéré de ne pas avoir le temps d'analyser laquelle sera la meilleure pour protéger mon âme sœur.

Extérieurement, j'essaie de rester le plus stoïque possible, pour éviter d'éveiller les soupçons de mon paternel, du moins tant que je n'aurais pas de plan établi. Mais à l'intérieur, je suis tellement en panique, que j'ai l'impression que mes jambes sont en coton, qu'elles pourraient me lâcher d'une seconde à l'autre. Le problème dans ce genre de situation, c'est que tout se passe beaucoup trop vite, et finalement, quand mon père sort triomphalement une pochette de son tiroir, je lâche instinctivement le nom qu'il cherche...

— Aelys Parks.

Il se redresse instantanément pour me regarder dans les yeux, une expression étrange se peignant sur son visage.

— C'est ça. Tu as des informations à son sujet ?

Si tu savais !

Je me remémore rapidement le récit qu'à fait Aelys à Mike ce matin, sur sa soirée au Angel's Lounge. Tout particulièrement le passage sur l'arrivée de l'avocat véreux, et les réactions du collègue de mon âme sœur.

— Elle n'est pas liée à Lawrence. C'est Hill, son complice, elle s'est simplement trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment.

— Hm...

Ce n'est pas avec ce genre de phrase à la con que tu le convaincras... Argumente !

— L'homme, Léonard (je me retiens de justesse de grogner en prononçant son prénom), et elle, sont tous les deux vétérinaires. Il est arrivé en ville suite à son divorce, il y a trois mois environ. Il a des vues sur mademoiselle Parks. Ils sont sortis hier soir entre collègues, ils étaient à quatre au départ, ma...

— Comment est-ce que tu sais ça ?

Je me rends compte qu'à vouloir trop innocenter Aelys, je ne réfléchis pas à la globalité de la situation. Le regard suspicieux que me lance mon père à cet instant, me confirme que ma petite tirade lui semble plus suspect qu'autre chose.

Ne te focalise pas sur elle, parle de ce que tu sais de l'affaire.

— Parce que, malgré tes ordres, je n'ai pas vraiment arrêté de travailler sur les disparitions.