Be my fatality...

Chapitre 61

Aelys

C'est en serrant les dents d'incompréhension et de déception que je quitte cet endroit de malheur. Les gens que je croise me donne la nausée, ils sont tous shootés à l'adrénaline de ce dernier combat. Combat qui a fait gagner un paquet de pognon à beaucoup d'entre eux, de par son inégalité flagrante. La tête baissée, je rejoins ma voiture la plus rapidement possible, pour mettre les voiles. Je n'ai pas envie d'entendre ce que Nolan a à dire, pas pour le moment. Après tout ce qu'on s'est raconté, je ne comprends pas son mensonge.

Sur le trajet, la colère prend le relais sur l'incompréhension, et une fois chez moi, je tourne en rond comme une lionne en cage. Persuadée que Nolan va débarquer d'un instant à l'autre, des excuses et des explications plein la bouche...

Ou de nouveaux mensonges !

Sauf qu'il ne vient pas. Fatiguée, je finis par m'assoupir une nouvelle fois sur mon canapé. Je suis réveillée à cinq heures du matin par des petits coups contre la porte-fenêtre de ma cuisine. L'esprit embrouillé, je mets du temps à émerger. Je me frotte encore les yeux en traversant le salon, mais toute la soirée me revient en un clin d'œil quand je devine la silhouette de mon âme sœur derrière la porte. Ma colère renaît d'un coup, mais avant que je ne puisse la faire exploser, mon regard croise celui, épuisé et affligé, de Nolan.

Son désespoir évident me coupe le souffle, et mon cœur se brise pour de bon quand, éclairé par les derniers rayons de lune, je distingue les larmes qui coulent abondamment sur ses joues. Aucun de nous ne dit rien, je me contente de tendre la main pour attraper la sienne, et l'attiré dans la cuisine, l'attiré contre moi. Je me hisse sur la pointe des pieds pour passer mes bras autour de son cou, son corps ne résiste pas, alors que je le serre de toutes mes forces pour le réconforter.

— Je n'ai pas pu les libérer...

Il murmure ces quelques mots si bas que, pendant un instant, je ne suis pas certaine qu'il ait réellement parlé.

— Qui est-ce que tu voulais libérer, mon chéri ?

— Les lycanthropes enfermés dans les cages. Je voulais perdre pour les rejoindre, mais je t'ai aperçu... Dans cet enfer. Mon enfer. Je t'y ai conduit, et je n'ai pas pu. Je savais qu'il faudrait que je te retrouve. Quand je suis sorti du ring, j'ai voulu y retourner, mais il n'y avait déjà plus personne, toi aussi, tu étais partie... J'ai appelé mon père, je lui ai parlé de tout ce que j'ai vu. J'ai accompagné ses hommes jusqu'à maintenant, nous n'avons retrouvé aucune trace de ces lycanthropes, mais il fallait que je te voie...

— Pourquoi m'avoir menti, Nolan ?

— Je ne voulais pas que tu t'inquiètes... J'étais persuadé de mettre fin à tout ça ce soir. Mais c'est pire que ce que je pensais, Aelys, pire que ce que mon père imaginait.

— Tu voulais me protéger ?

— Non. Je ne t'ai pas dit que j'avais repris les combats, parce que je ne suis pas un gentil. Mes mains ont brisé plus d'os que ce que je peux me souvenir, je ne voulais pas que tu voies le monstre en moi, le monstre que je peux être. Si tu pensais que les combats étaient du passé, tu n'avais que cette version de moi, celle qui s'en est sortie. C'est moi, que je cherchais à protéger... Parce que je sais que je ne supporterais pas que tu me regardes différemment.

Nous sommes toujours enlacés, nos voix sont juste assez audibles pour que nous nous entendions l'un l'autre, mais je n'ai pas besoin de plus pour savoir que ses paroles sont sincères.

Je le sens du plus profond de mon âme.

Néanmoins, je ne peux pas balayer les émotions que j'ai ressenti ce soir d'un revers de la main.