Chapitre 55

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Aelys

Cette nuit a été notre première nuit ensemble, et elle a été parfaite.

Hier soir, avant que je n'entre dans le vif du sujet, Nolan m'a coupé la parole d'un baiser. Un baiser aussi tendre que divin. Un baiser dont j'avais besoin, même si je ne m'en étais pas rendu compte. Quand celui-ci a pris fin (à mon grand regret), nous nous sommes mis d'accord sur le fait que, pour aborder les sujets à venir, être un minimum habillés serait une bonne chose. Je ne saurais pas décrire l'ambiance qui régnait entre nous à ce moment-là, c'était étrangement léger. J'aurais dû être angoissée à l'idée de devoir vider mon sac. Me connaissant, ça aurait même été la réaction le plus logique. Mais, alors que je prenais une douche rapide – seule, ma salle de bain est minuscule, et définitivement la cabine de douche n'a pas la capacité d'accueillir deux personnes en même temps ! (faisons comme si nous n'avions pas essayé) – je me suis auto-convaincue que paniquée ne servirait à rien. De toute façon, j'avais déjà avoué à Nolan que j'avais, moi aussi, gardé des choses pour moi.

Une fois propre tous les deux, nous nous sommes allongés, l'un en face de l'autre, sur mon lit. Nolan avait simplement remis son boxer, me laissant ainsi une importante quantité de peau à disposition, que je ne me suis pas privée de toucher tout au long de notre conversation. De mon côté, après avoir passé une culotte en coton, loin d'être sexy, mais terriblement confortable, j'ai hésité dix bonnes secondes avant de succomber. Je sais, c'est cucul la praline et cliché à souhait, mais j'en avais envie, et surtout j'avais la possibilité de le faire. Alors je l'ai fait. J'ai récupéré sa chemise, abandonnée un peu plus tôt dans mon salon, pour me glisser dedans, et savourer ce cocon de tissu imprégné de l'odeur de Nolan.

Après une courte réflexion, j'étais à peu près sûre qu'il n'y avait pas vraiment de bonne entrée en matière, alors je me suis lancée en énumérant les choses telles qu'elles c'étaient passées. À commencer par la présence de Léonard, dimanche matin, chez mes parents. Il y a eu quelques grognements de mécontentements du côté du lit opposé au mien. Des grognements, mais aucune effusion de colère. Au contraire même, un sourire de fierté a fini par étirer ses lèvres, tandis que je lui racontais (en jubilant un chouia), comment j'avais remis Léonard à sa place. Bon, évidemment, malgré la fierté, Nolan est encore moins rassuré de savoir que je passe cinq jours sur sept avec mon collègue. J'aurais pu jouer les audacieuses et lui répéter la façon merveilleuse dont je l'avais viré de chez mes parents, mais j'ai préféré être franche envers mon âme sœur. Moi aussi, j'appréhende le moment où Léonard et moi nous retrouverons tous les deux à la clinique. Je n'y pense pas constamment, mais quand c'est le cas, je me dis qu'être de garde la semaine prochaine est une bonne chose. Deux semaines sans se croiser, est une période correcte pour apaiser les choses, je pense.

Évidemment, malgré tout, j'ai vu dans le regard de Nolan qu'il mourrait d'envie d'aller s'assurer de lui-même que Léonard ait bien saisi mon message. Sauf que de toute évidence, Nolan ne peut pas se pointer à la clinique, en mode petit ami qui vient mettre les points sur les « i ». Il a grimacé quand je le lui ai précisé, et même si c'est une vérité frustrante, elle m'aura au moins permis d'aborder le sujet suivant assez naturellement.

J'ai mis du temps pour saisir. Après tout, entendre les discours extrémistes m'a toujours agacé, et un peu angoissé, mais ça, c'est leur but. Pourtant, je ne m'étais jamais senti aussi furieuse à cause de l'un de ces discours, qu'hier soir. J'ai fini par comprendre pourquoi. Inconsciemment, face à ma télévision, la réalité m'a sauté aux yeux, ou du moins, notre réalité. Ma relation avec Nolan pourrait ne jamais être autre chose que des soirées, cantonnés tous les deux, dans mon appart. Et même ça, ce n'est pas anodin ! Je sais que mon âme sœur gare sa voiture à plusieurs pâtées de maison chaque soir, toujours dans une rue différente, et je n'ai pas besoin de demander, pour savoir qu'il est aux aguets jusqu'au moment de passer ma porte.

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