Chapitre 69

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Nolan

Après mon passage à la salle de bain – dans laquelle il ne s'est rien passé de déplacé – je prends un instant pour observer la multitude de photos de famille qui recouvrent les murs du couloir. Certaines remontent à un paquet d'années, si j'en crois les looks d'Héléna et de Thomas. Il y avait la date de leur mariage dans leurs dossiers, je savais déjà qu'ils s'étaient mariés jeunes. Mais les images que je regarde me laissent penser que c'est une histoire bien plus longue encore que ce que je croyais. Évidemment, de deux, ils passent à trois, et des paroles d'Aelys me reviennent...

« Je n'étais pas malheureuse, loin de là... »

En effet, sur chaque cliché que j'ai sous les yeux, elle respire le bonheur. Peu importe son âge, on voit qu'elle est heureuse, aimée, soutenue. Du moins jusqu'à ces dix-sept ans. La dernière photographie où elle apparaît date pile poil de son dix-septième anniversaire, si j'en crois le nombre de bougie sur le gâteau. Aelys a cette lueur espiègle dans le regard que j'aime tant, son sourire est resplendissant...

Puis Benjamin Kellerman est entré dans sa vie.

Je serre les poings, fort, en me demandant à quel point ce connard l'a abîmé rapidement pour que ses propres parents n'affichent plus de photos d'elle depuis cette époque. Je suppose que les instants immortalisés durant cette période ne sont de bons souvenirs pour personne, et ça me rend fou de rage qu'un petit branleur ait réussi à bousiller ce cocon d'amour et de confiance que les Parks avaient construit pour leur fille.

Avec ce que j'ai découvert hier, je pourrais filer maintenant, briser la vie de ce mec en moins de deux heures.

Doucement, mes muscles se détendent, je desserre mes poings devenus douloureux, et inspire tranquillement.

Ou alors, je peux rester ici, faire en sorte qu'une nouvelle photo d'Aelys prenne place sur ce mur...

Je choisis l'option deux. D'ailleurs, j'entends du bruit dans la cuisine, certain que c'est Héléna avec le dessert (et donc les bougies), je m'empresse de la rejoindre pour lui demander si elle a un appareil photo. Sauf qu'en arrivant dans la pièce, c'est face à Catherine que je me retrouve.

— Ah, Nolan. Ça va ?

— Oui, et vous ?

Elle me sourit pour toute réponse, en continuant de préparer des tupperwares. Je suppose qu'Héléna lui a demandé de transvaser, et de se servir dans les restes si elle voulait. De l'index, je désigne les plats vides à côtés d'elle, en demandant :

— Vous voulez que je mette ça au lave-vaisselle, vous aurez plus de place ?

— Merci, c'est adorable de ta part.

Un silence s'installe tandis que nous vaquons chacun à notre tâche. Puis, après quelques minutes, l'interrogatoire débute :

— Aelys et toi, vous vous connaissez depuis longtemps ?

— Non, pas vraiment. Nous avons le même dentiste, nous nous sommes rencontrés dans sa salle d'attente.

Note à moi-même : changer de dentiste.

— Ça explique qu'elle soit venue avec un autre homme au mariage de ma fille, il y a quelques semaines. Elle t'en a parlé, de Léonard ?

Holà... Où est-ce qu'elle va avec cette conversation, la tatie ?

— Bien sûr, c'est son collègue, et nous parlons de nos journées respectives.

Ses sourcils fins se lèvent sur son front plissé.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant