Chapitre 88

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Nolan

Cette fois, je pense que même si nous sommes toujours dans le champ des caméras, ma légitime défense ne pourra pas être remise en cause.

Il est temps de mettre fin à cette mascarade !

De toute évidence, son plan est tombé à l'eau, maintenant qu'il a montré son véritable visage. La table d'auscultation en métal toujours dans le dos, je prends appuie sur cette dernière et balance un coup de pied dans la cuisse de l'homme qui me maintient. Déstabilisé, il recule légèrement en grimaçant. Cette fois, je ne lui laisse pas l'opportunité de reprendre le dessus. Mon poing serré s'abat sur son visage, plus précisément sur l'arrête de son nez, l'os ne tient pas le coup, je l'entends craqué et le sens bouger sous mes phalanges.

Debout face à moi, Léonard chancelle sur ses jambes. Il cligne deux fois des yeux, me dévisageant d'un air perdu, avant de tomber comme une masse sur le côté. Son crâne s'écrase dans un bruit mat contre le sol, et même si mon intention n'était pas de le tuer, je ne crois pas qu'il se relèvera.

— Espèce de connasse !

Les mots étouffés de Robert Lawrence me parviennent depuis la porte fermée, celle qui laisse échapper un fin rai de lumière. Je m'apprête à foncer vers celle-ci, mais la poignée s'actionne avant même que je ne fasse un pas dans sa direction. D'instinct, mes muscles se contractent, déjà prêts pour un nouveau combat.

Sauf que ce n'est pas la silhouette corpulente du petit avocat véreux qui apparaît, mais bien celle d'Aelys. L'intégralité de mon corps est envahie par une nuée de papillons, je n'ai jamais ressenti un tel soulagement de toute mon existence.

On va s'en sortir.

Son magnifique visage est légèrement plus blanc que d'habitude, elle a les cheveux en bataille, et ses fringues sont froissés, mais c'est bien le regard noisette, empli de détermination et de courage, de mon âme sœur que je croise.

Je sens qu'un sourire, à l'air sans doute aussi fatigué que soulagé, se dessine sur mon visage. Aelys s'apprête à me le rendre, je le vois. Sauf qu'il s'éteint aussi rapidement que la panique la transperce, tandis que ses yeux s'écarquillent en parcourant mon corps.

— Nolan...

D'incompréhension, je fronce les sourcils, avant de baisser, à mon tour, les yeux sur mon torse. C'est seulement à ce moment très précis que le message de douleur remonte jusqu'à mon cerveau. Le manche de je ne sais quel objet dépasse de mon t-shirt, la lame étant cachée sous ma chaire...

Merde.

Léonard a dû attraper cet objet au moment où je l'ai repoussé...

Et nous avons joué notre dernière carte en même temps.

Une tache de sang commence à s'étendre sur le tissu de mon t-shirt, et pour une raison qui m'échappe, je n'arrive plus à en détacher les yeux.

Je crois que c'est un scalpel... Ou un bistouri... D'ailleurs, c'est quoi la différence entre les deux ?

***

Aelys

Pendant une seconde, la panique me paralyse sur le pas de la porte. Puis, le regard abasourdi, Nolan tombe à genoux, et je me précipite vers lui, jetant le Beretta sur la table d'auscultation juste derrière lui. C'est donc dans un vacarme métallique, que je m'agenouille à ses côtés pour l'aider à s'allonger à même le sol.

— Nolan, ça va aller...

Les mains tremblantes, j'attrape une serviette dans le meuble à côté de nous, pour la déposer sous sa tête.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant