Chapitre 15

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Aelys

C'est comme ça que j'ai appris que, Benjamin Kellerman, m'avait repéré au lycée. Moi, la petite nouvelle aux bonnes notes, discrète à souhait, et qui avait visiblement eu le malheur de débarquer au milieu de la dernière année de ce cher Ben.

Ses parents étaient constamment sur son dos, encore plus cette année-là, ils craignaient que leur fiston repique, encore, sa terminale. Ils critiquaient la moindre de ses fréquentations, ami·e·s comme petites amies. Personne dans l'entourage de Ben, ne semblait pouvoir les contenter. Et puis, un jour où il n'était pas sorti manger avec ses potes, il m'a aperçu, par le plus grand des hasards, au réfectoire, où je déjeunais seule. Apparemment, il a tout de suite pensé que je serais parfaite pour le rôle qu'il me réservait. Néanmoins, il a préféré attendre le calme des vacances d'été pour m'aborder, il a pris son temps pour vérifier que je sois réellement aussi insipide et coincée que ce que j'avais l'air.

Comme prévu, je cochais toutes les cases que ses parents pouvaient imaginer. Et celle dans lesquelles je ne rentrais pas au début, Benjamin s'est arrangé pour que j'y rentre avec le temps.

En gros, ce soir-là, j'apprenais, comme si de rien n'était, que je venais de passer six ans à croire que j'avais été le « coup de foudre » de Ben. Alors qu'en réalité, je n'étais qu'une façade de bonnes manières, pour que ses parents lui lâchent un peu la bride. En quelques phrases, il venait de me faire comprendre que j'avais gâché six années de ma vie, juste à cause de sa relation toxique avec ses parents.

Je pourrais mentir, dire que j'ai senti la rage m'envahir en apprenant ça. Que je n'avais plus qu'une envie, lui balancer à la tronche tout ce qui me tombait sous la main, pour le faire payer. Mais c'est une partie de moi qu'il avait étouffée il y a longtemps. Je n'étais pas capable de l'affronter, mais fuir, ça, ça ne m'effrayait pas. C'est donc ce que j'ai tenté de faire, en croisant les doigts pour qu'il n'y ait pas le moindre bouchon sur la route, et que mon père arriverait vite.

J'ai voulu me faufiler, mais, vous vous souvenez, il était rapide. Il m'a attrapé par le poignet pour me coller contre son torse. Sa main est remontée jusqu'à ma gorge, qu'il a doucement commencé à serrer, en me chuchotant, au creux de l'oreille, qu'il fallait que j'arrête ma petite crise tout de suite, que je devais être sage, sinon il allait devoir devenir méchant. J'ai essayé de le griffer, je sentais mes ongles s'enfoncer profondément dans sa peau, mais ça ne semblait pas avoir le moindre effet sur lui. Il a continué de serrer.

Tu es à moi, Aelys. Je vais continuer à faire de toi ce que je veux, c'est clair ?

C'est avec cette phrase, que mon histoire de coup de foudre a pris fin.

Et il est hors de question que je me laisse de nouveau avoir... Nolan a beau avoir l'air sincère, il a beau ne pas être Ben, je ne me laisserais pas avoir... Je ne suis pas idiote à ce point... Je crois.

***

Nolan

Ça fait une semaine que j'ai tout foiré avec Aelys. Une semaine qu'elle a décidé qu'il ne se passerait rien entre nous. Je savais qu'elle seule pourrait m'obliger à arrêter de la suivre, même si ça n'a rien d'évident. Sincèrement, si être avec son âme sœur est aussi intense que de ne pas pouvoir être avec, alors je commence à comprendre les personnes qui ne vivent que pour trouver leur moitié.

Toujours est-il que la semaine passée, elle a été très claire. Une fois son souffle repris, sans que je ne comprenne pourquoi, elle est devenue aussi glaciale que l'Antarctique, tant son corps que ses paroles.

Je vois que, pour toi, ça a l'air important. Mais je vais être très claire, Nolan, ce genre de chose n'existe pas. Les coups de foudre, tout ça, c'est des conneries inventées pour faire rêver les jeunes filles. Sauf que les rêves reflètent rarement la réalité.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant