Chapitre 23

405 25 37
                                    

Aelys

Entre l'agitation ambiante, et mes réflexions personnelles, j'ai perdu toutes notions du temps. Finalement, il est un peu plus d'une heure du matin quand je passe, en soupirant lourdement de lassitude, la porte de mon appartement.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé bordel ?

Mon premier réflexe, en entendant cette voix masculine, qui provient tout droit de la semi-obscurité de mon salon, est de jeter le trousseau de clefs que je tiens, de toutes mes forces, dans sa direction. En parallèle, j'allume la lumière de la pièce, dans le but d'éblouir cet intrus. Bien entendu, mon plan bancal, mis en place dans la précipitation, est déjoué en un tour de main. Littéralement.

Cependant, il ne me faut pas longtemps pour identifier le grand blond qui me foudroie de ses yeux bleus arctique – dont l'un est encore cerné d'un léger hématome marron – en réceptionnant habilement le trousseau de clefs qui m'a servi d'arme.

Savoir de qui il s'agit, n'est pas nécessairement rassurant...

— Mike ? Qu'est-ce...

— C'est moi qui pose les questions.

Je n'étais déjà pas très à l'aise avec lui lors de notre première « rencontre », si on peut appeler ça comme ça. Mais là, ça n'a plus rien à voir avec de la gêne, il me fait peur. Sa voix est aussi froide que son regard, tandis qu'elle claque dans l'air tel un fouet invisible, et l'expression de colère, à peine contenue, qui se peint sur son visage, fini de me mettre sur mes gardes...

Ne sois pas stupide, au moindre geste de sa part, tu décampes !

— Je réitère donc, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Histoire de ne pas passer pour une pauvre petite chose apeurée, bien que ce soit – un tout petit peu – le cas, je me redresse de tout mon mètre cinquante-cinq, en le fusillant, à mon tour du regard :

— Si tu insistes pour poser les questions, fait au moins en sorte qu'elles soient compréhensibles.

— Ne joue pas à ça avec moi, encore moins maintenant. Il n'y a qu'une seule raison pour laquelle Nolan aurait pris la décision débile de laisser émerger son loup en ce moment. Cette raison, c'est toi. Donc explique-moi, tout de suite, pourquoi mon meilleur ami se retrouve pris au piège de son animal ?

Mon regard assassin est annihilé par l'étonnement et la confusion.

— Attends, de quoi ? Comment ça, pris au piège ?

— Ah, ben oui, forcément. Comme tous les autres humains, tu n'en as rien à foutre de comment ça se passe pour les lycanthropes. À quoi bon chercher à nous comprendre, hein ?

Il renâcle en grimaçant, avant de poursuivre :

— Pourquoi je me suis imaginé que tu t'intéresserais à lui, à comment il vit les choses, alors que tu l'as remballé comme une merde, pas plus tard que la semaine dernière, simplement parce qu'il t'a dit la vérité ?

Mike ne semble pas particulièrement enclin à me donner plus de détails pour m'aider à réellement comprendre la situation actuelle. En revanche, il ne se prive pas pour s'approcher de moi d'un air menaçant...

C'est le moment de bouger !

Or je n'ai pas le temps d'amorcer le moindre mouvement de retraite, qu'un grand loup noir, au pelage hérissé, s'immisce en grognant, entre le blond et moi. Les canines découvertes, les oreilles dressées et le museau retroussé, pas besoin d'être un expert pour savoir que le loup adopte une posture de mise en garde contre l'homme qui nous fait face, et qu'il n'hésitera pas une seconde à passer à l'attaque, si l'attitude de Mike à mon égard ne change pas.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant