Chapitre 32

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Aelys

La sérénité qui m'a envahi, pendant que Nolan pansait soigneusement ma blessure, vient d'être remplacée par une multitude d'inquiétudes, notamment celle de devoir me livrer sur mon passé avec Benjamin.

Je ne suis pas prête pour ça...

Les hurlements reprennent la main, me signalant que mes inquiétudes sont, justement, la preuve que je ne suis pas à la hauteur pour ce genre d'histoire. Pour n'importe quel genre d'histoire. L'atmosphère détendue qui régnait dans ma petite salle de bain, se fait engloutir par ma vague d'angoisses en moins d'une seconde.

— On se met beaucoup trop la pression. Je te mets la pression. Ce n'est pas volontaire, et j'en suis désolé.

Ne sachant pas exactement où il veut en venir, je choisis de rester silencieuse.

— D'ailleurs... J'aurais définitivement dû t'inviter à boire un café, plutôt que de te faire kidnapper par mon meilleur ami.

Ses yeux se baissent sur nos mains jointes.

— Je ne sais plus si je me suis déjà excusé pour ça, alors, au cas où, je suis désolé, encore. Ce n'est pas une raison, mais avec la situation entre nos espèces... Bref, le but n'est pas de me chercher des justifications, c'était nul de ma part.

Ce matin, Mike m'a dit que trouver son âme sœur était quelque chose de particulier. Nolan doit être terriblement déçu... Après tout, je ne suis qu'une humaine, à la ramasse sur les lycanthropes, et encore plus en ce qui concerne les relations ! Il a vraiment tiré le gros lot...

Je ne fais plus vraiment attention à ce que dit Nolan, trop occupée à me laisser engloutir par mes doutes. La certitude que je ne suffirais pas, que je ne suis pas la personne qu'il lui faut, se fraient un passage dans mon esprit. Soudain, mon corps frémit, alors que des larmes remplissent, de manière incontrôlable, mes yeux.

Encore des cases que je ne peux pas remplir. Encore des échecs.

Au fond de moi, je sais que je ne dois pas penser comme ça, mais parfois, je n'arrive pas à m'en empêcher. C'est compliquer de se débarrasser d'idées qui nous ont habité quotidiennement pendant des années.

— Chier... Je m'y prends de nouveau comme un pied !

Il grogne ces mots, au moment où, sans crier gare, je me retrouve attiré vers l'avant, vers lui. Surprise, je perds l'équilibre, mais suis réceptionnée avec douceur contre son torse. Il sent bon la lessive et l'après rasage, des odeurs étonnement familières qui, sans que je ne sache réellement pourquoi, me font du bien et m'apaisent.

— Tout ce que je voulais te dire, c'est que coups de foudre, âmes sœurs, tout ça, ce ne sont que des mots...

Ses bras m'enlacent un peu plus étroitement, tandis que les quelques larmes qui s'échappent maintenant de mes yeux, vont directement imbiber l'avant de son t-shirt.

— On se connaît à peine, et par ma faute, les débuts ont été chaotiques. Mais je crois que, quitte à avoir une situation particulière, autant choisir la direction qu'on veut lui donner. Dans cet optique, je me demandais si tu serais d'accord de passer du temps avec moi ? Un peu comme des amis, tu vois ?

Non, je ne vois pas vraiment – handicapée sociale, tout ça, tout ça – mais franchement, si devenir son amie me permet de me blottir contre lui de cette façon de temps en temps, je ne suis pas contre.

Néanmoins...

— Je n'ai jamais fait ça.

Ma réponse le surprend, j'en ai conscience. Mais à défaut d'être une pro, je crois qu'être honnête avec lui sur ce point me semble important.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant