Chapitre 31

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Aelys

Épuisée...

Ce mot semble me coller à la peau ces derniers temps. Malgré ma nuit plutôt bénéfique, elle n'était malheureusement pas suffisante pour que je rattrape le manque de sommeil que j'ai accumulé, et cette journée n'a pas aidé.

Contrairement à ce que je pensais, ma visite à la gendarmerie n'était finalement pas l'histoire de quelques minutes. Après une bonne heure à poireauter, je me suis retrouvée conduite dans une salle d'interrogatoire minuscule et glaciale – autant en termes de température que d'ambiance – digne d'une série policière à petit budget. Voir même, sans budget !

Puis l'inspecteur Durand est arrivé, avec l'un de ses collègues. À partir de là, j'ai enchaîné plus de deux heures à répéter inlassablement les mêmes choses. Moi qui pensais avoir été invité à venir pour les aider dans leur enquête, j'avais soudain l'impression d'être la suspecte numéro un et, pendant un moment, je me suis même demandé s'ils allaient me laisser repartir ! Les sourires des deux hommes me paraissaient faux, et ils me répétaient un peu trop souvent qu'il ne fallait pas que je m'inquiète, que j'étais simplement là pour témoigner, pour que ça ne rende pas la situation étrange.

Pourtant, après deux heures de questions et de répétitions, ils m'ont simplement informé que nous allions nous arrêter là. Que mon récit était précieux et pourrait peut-être les aider à comprendre une information au cours de l'enquête. Bien sûr, avant de réellement me laisser partir, l'inspecteur Durand m'a précisé qu'ils me recontacteraient en cas de besoin. Hommes de lois ou non, je vous assure que la mégère s'est montrée très inventive niveau insultes suite à cette précision. De mon côté, je me suis contentée d'un sourire forcé, et d'un furtif hochement de tête pour toute réponse.

En sortant de là, j'étais sensiblement plus irritable qu'à mon arrivée, quasi certaine que mon témoignage ne servirait à rien, et que nous avions tous perdu notre après-midi dans cette histoire. Mais surtout, j'étais angoissée à l'idée d'avoir oublié un truc que j'aurais raconté la veille. Tout le temps que j'ai passé à faire distraitement mes courses pour la semaine, je me suis remémorée mon témoignage d'hier, avant de me concentrer sur les heures que je venais de passer au commissariat. Entre le stress et la fatigue, oublier un détail était plus que probable. Comme si ça ne suffisait pas, j'ai fini par me monter le bourrichon toute seule, en me disant que c'était sans doute parce que ma version d'aujourd'hui ne correspondait pas exactement à celle d'hier, que les inspecteurs m'avaient gardé si longtemps.

Ça fait deux bonnes heures que je suis rentrée chez moi, pourtant, j'en suis toujours à cogiter. Pour me changer les idées, j'ai pris le temps de faire un brin de ménage (ma soudaine maniaquerie n'a, bien sûr, rien à voir avec le fait que Nolan vient ce soir) puis j'ai passé un long moment à jouer et chouchouter Neko, avant de me mettre à la préparation d'un moelleux au chocolat pour ne pas arriver les mains vides chez mes parents demain. Non, ce n'était pas la recette que j'avais choisie au départ, mais franchement, je n'avais pas assez de motivation pour faire autre chose. Et puis, le moelleux au chocolat, est un classique toujours apprécié. Bref, tout ça pour dire que malgré ces quelques activités, et toute la bonne volonté que j'y mets, il y a toujours cette sensation d'angoisse qui revient m'assaillir à la moindre occasion.

Et comme je ne suis absolument pas une personne complexe, je ne me rajoute pas du tout un stress supplémentaire en pensant à toute cette histoire avec Nolan ! Nooooon. D'ailleurs, je suis on ne peut plus sereine en l'attendant, assise sur mon canapé, en train de me ronger les ongles, et jouant un rythme endiablé avec mon pied.

La sérénité à l'état pur ! Heureusement que la voisine du dessous est sourde comme un pot...

On ne va pas se le cacher, même si je me suis plus ou moins mise d'accord avec moi-même à son sujet, il y a toujours une partie de moi qui me hurle de mettre fin à ce truc – peu importe ce que c'est – dès maintenant. Tandis que l'autre, me murmure de me laisser aller, d'écouter mon instinct, mes envies, et d'essayer. Tout simplement d'essayer.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant