Chapitre 42

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Nolan

Voilà, c'est avec cette simple question, banale pour la plupart des gens, que j'ai fini par tout lui expliquer. Je ne cacherais pas que j'ai hésité, pendant une milliseconde, à lui mentir comme je l'ai déjà fait des dizaines, peut-être même des centaines de fois. Sauf que là, c'est mon âme sœur que j'ai en face de moi, avec laquelle j'ai envie de voir sur le long terme. Pas un simple coup d'un soir, avec une femme que je ne reverrais jamais.

Bien sûr, même si j'ai eu l'impression de rester parfaitement stoïque, elle a perçu le changement dans mon expression. Âme sœur ou non, je suis impressionné par la facilité avec laquelle elle lit en moi. Aelys note le moindre détail, le moindre micro changement, et jusque-là je crois qu'elle ne s'est pas encore loupée dans ses interprétations. Je n'ai donc pas été surpris quand, alors que j'avais ma milliseconde d'hésitation, elle m'a rappelé, de sa voix la plus douce, que poser des questions, ne voulait pas dire obligation d'y répondre. Malgré son besoin de savoir, sa bienveillance a pris le dessus. Elle m'a offert une porte de sortie, que j'ai décidé de ne pas emprunter. Après tout, savoir qu'elle mérite une meilleure personne que moi, ne signifie pas que je ne dois pas faire de mon mieux !

Étonnement, les mots sont sortis assez facilement. Je ne dis pas que revivre mon passé a été une partie de plaisir, juste que ça a été plus simple, que ce que je croyais. Évidemment, même si j'ai essayé de laisser les mots glisser, j'ai aussi bafouillé de temps en temps, parfois mal formulée mes phrases, et ma gorge s'est refermée sur elle-même quand est venue le moment de lui parler de ma mère. Pourtant, j'ai continué, ne m'arrêtant que pour répondre aux quelques interrogations qu'elle avait.

Beaucoup de choses sont passées sur le visage de mon âme sœur tout au long de mon récit. Il y a eu l'étonnement du début, elle non plus n'était pas certaine que j'allais me lancer, mais si celui-ci n'a pas duré longtemps. J'en suis très vite arrivé au décès de ma mère, c'est là que la compassion et la tristesse ont pris le relais (même si elle s'est empressée de sécher ses larmes), et celles-ci sont revenues assez régulièrement tout au long de mon speech. Il y a aussi eu pas mal de colère, et parfois même du dégoût, mais étonnement, jamais à mon encontre. De temps à autre, je voyais ses sourcils se froncer d'incompréhension, ou de doute, mais elle n'a pas hésité à m'interrompre pour me poser des questions. Me prouvant pour de bon, qu'un truc avait changé pour elle aussi.

Phrase après phrase, je la regarde réagir à mon histoire, en me demandant ce que j'ai bien pu faire pour mériter qu'une femme comme elle entre dans ma vie. Ce qui ne m'empêche pas d'omettre volontairement un détail...

Hors de question qu'elle sache que j'ai repris les combats, je ne veux pas qu'elle voie le monstre que je suis toujours.

— J'étais dans un état pitoyable, mon comportement était... Je n'ai même pas de mots. Mais c'est comme ça que j'ai rencontré Grégoire. Il m'a appris tout ce qu'il sait, m'a transmis toutes ses connaissances en immobilier, en droit, en urbanisme, mais aussi en vente. Sans parler du domaine de la rénovation...

— Il t'aide encore sur certain projet ?

La culpabilité m'assaille, tandis que je lui réponds en soupirant :

— Non, même si je pense qu'il ne refuserait pas. Sauf que je suis un imbécile, alors ça doit bien faire un mois que je ne lui ai pas parlé.

Aelys grimace légèrement, avant de marmonner :

— J'ai vraiment le chic pour te poser les bonnes questions on dirait.

— Ouais, enfin, ce n'est pas de ta faute si je ne l'appelle pas aussi souvent que je le devrais, alors...

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant