Be my fatality...

Chapitre 86

Nolan

Je suis décomposé, mon esprit a du mal à suivre le fil des informations qu'il emmagasine. Je commence à ressentir une certaine fatigue ou, pour être plus précis, de la lassitude.

S'il n'y avait pas cette foutue caméra, j'aurais déjà récupéré mon âme sœur et mis les voiles !

Mais il y a cette foutue caméra, alors je joue le jeu. Qu'il s'en prenne à Aelys, était déjà trop. Apprendre que ma mère a eu une relation, et un fils, avant mon père, et que, justement, ce fils veut s'en prendre à ma meilleure amie...

C'est beaucoup trop.

Et là, ce ne sont que les affaires qui me concernent de près. Si on ajoute à ça que c'est un lycanthrope qui mène les extrémistes humains, et qu'en plus il sait comment mettre KO un loup, sans que ça n'affecte la partie humaine...

C'est indéniablement beaucoup trop !

Heureusement, pris dans un élan narcissique, Léonard ne remarque pas mon désarroi, et continu son speech.

— Aelys aurait fini par se rendre compte que je suis celui qu'il lui faut. Mais tu es arrivé, avec tes grands airs, et ton regard... Exactement le même que celui de maman...

— Comment tu as su ?

Perdu dans le brouillard, je reconnais à peine ma voix. Pourtant, il y a un truc qui ne colle pas...

— Su quoi ?

— Que je suis ton frère ? Quel regard avait maman ? À quatre mois, je doute que tu aies des souvenirs d'elle.

Un mauvais pressentiment naît en moi.

— Enfin ! Tu poses les bonnes questions.

Son sourire à la con est plus grand que jamais, il a repris son ton faussement serein.

— Parce que je l'ai vu, il y a quelques années.

Mon cerveau est en surchauffe. Il y a déjà tellement d'éléments importants qui ont été révélés dans cette salle d'attente ! Néanmoins, il ne s'arrête pas d'analyser, de regrouper, de lier, et une vague de frissons me parcourt l'échine quand, en fusillant Léonard du regard, je lui demande d'être plus précis :

— Combien d'années ?

— Quelle importance ?

Je serre les poings pour me retenir de lui envoyer une droite en pleine tronche, alors que mon mauvais pressentiment s'accentue.

— Combien ?

— À la mort de mon père...

Cet enfoiré marque une pause, histoire de faire durer le suspens, de mettre le peu de patience qu'il me reste à l'épreuve.

— L'année de mes vingts ans. Il a eu un cancer. C'est horrible de voir la personne que tu respectes le plus au monde se faire bouffer par cette merde. Mais tu veux que je te dise le pire ?

Non.

— Le pire, ça a été de voir débarquer maman.

Je repense aux infos que Mike avait dénichées.

« Léonard Hill, trente-deux ans... »

— Elle ne manquait pas de culot, il faut bien l'avouer ! Débouler comme ça, vingt ans plus tard, la bouche en cœur, à l'enterrement de mon père !

Évoquer cet évènement lui tire une grimace de dégoût.

— Je ne vais pas te mentir, ça m'a fait un sacré choc de la voir.