Chapitre 8

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Nolan

Le silence a envahi l'habitacle depuis deux petites minutes, quand je me décide enfin à partager ma décision, toujours aussi irrationnelle – pour ne pas dire débile – à Mike :

— Si je te demandais de me la ramener, discrètement. Ça aurait tendance à te faire paniquer ?

— Tu me demandes de kidnapper ton âme sœur ?

— Non... Enfin, disons plutôt que je te demande de la transporter d'un point A, à un point B. Sans vraiment lui demander son avis...

— Ouais, c'est ce que je dis...

— C'est juste pour pouvoir lui parler sans prendre le moindre risque, lui expliquer la situation. Ensuite, elle pourra repartir.

— Cool ! Au moins il n'y aura pas séquestration, ça c'est une bonne nouvelle !

Le ton sarcastique de Mike me met un coup. J'avais beau me douter que ce n'était pas l'idée du siècle, en voyant la réaction de mon meilleur ami, je me rends bien compte que c'est un plan vraiment très débile.

Ouais, sauf que les options ne se bousculent pas vraiment au portillon sur ce coup !

Pendant de longues secondes, je reste perdu dans le tourbillon de mes pensées, jusqu'à ce que le conducteur me demande :

— Est-ce que ce ne serait pas plus facile de, tu sais...

Il hausse les épaules en me jetant un coup d'œil en biais, avant de reprendre :

— Juste, la laisser. Continuer, chacun de votre côté, au moins le temps que les choses se tassent entre nos espèces ?

Je frotte ma mâchoire, recouverte d'une barbe de trois jours, en soupirant lourdement, m'affaissant un peu plus dans mon siège, avant de murmurer :

— Ça, c'est impossible.

J'observe les lumières de la ville défilées par ma fenêtre, mais mon meilleur ami m'a parfaitement entendu. Je crois que c'est là, qu'il comprend que je suis complètement désespéré, parce qu'il finit par me demander :

— Où et quand tu veux que je te la ramène ?

***

Nolan

Le lendemain matin, nous avons un plan clair et précis pour l'opération « ceci n'est pas un kidnapping ! ». C'est Mike qui a choisi ce nom pourri, mais je m'en fous, parce que mine de rien, tout ça me rend plutôt euphorique. Ça me font un peu les jetons, aussi, mais je suis principalement euphorique. Ce qui ne m'empêche pas de me faire engueuler par mon paternel...

— TU TE FOUS DE MOI, NOLAN ?

Son poing s'abat brutalement sur la table devant lui, tandis que sa voix tombe sur moi aussi durement que si c'était une chape de béton.

— QU'EST-CE QUI TE PREND, EN CE MOMENT ? À QUOI TU PENSES, BORDEL ?

Arf, c'est juste qu'une petite humaine brune a pris mon cerveau (et le reste) en otage...

Je n'imagine pas sa tête si je lui répondais la vérité. Des petits postillons s'évadent déjà sauvagement de sa bouche tremblante de colère, alors je suppose que la rupture d'anévrisme serait à craindre si je lui balançais ça de but en blanc. Son teint vire doucement au rouge, et la veine sur sa tempe est en train de gonfler à vue d'œil. Il est fou de rage. Peu importe que je sois plus grand que lui, ou que je vienne de fêter mon vingt-huitième anniversaire. Je baisse la tête, comme un gosse, face à sa fureur. Parce que ce matin, ce n'est pas seulement mon père qui m'engueule, mais aussi mon alpha, et c'est peut-être pire.

Be my fatality...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant