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Malkia campa sur sa position, trop effrayée pour oser braquer ses yeux sur lui, encore moins soutenir son regard perçant qu'elle imaginait déformé par la colère.

Pourquoi réagissait-il ainsi ? Qu'avait-elle bien pu faire de mal pour être trimballée de la sorte comme une poupée de chiffon ?

Poupée de chiffon...

Son cœur se serra à cette idée. Elle avait été réduite à ça, et aujourd'hui elle se considérait comme un jouet destiné à amuser non seulement son geôlier mais aussi ses invités qui n'hésitaient pas à déchaîner leur colère noire sur elle, comme à cet instant.

Elle leur appartenait, il pouvait faire ce qu'il voulait d'elle ; il avait sûrement carte blanche du propriétaire, son propriétaire.

Une boule se forma dans sa gorge. À quel moment était-elle résignée à ce point ? Comment avait-il réussi à insinuer dans son esprit une telle conception nauséabonde de sa personne ?

Son bras frêle commençait déjà à devenir douloureux sous la pression de l'homme ; ses yeux remplis de larmes se mirent à la piquer, et sans pouvoir la retenir, une larme coula sur sa joue froide et douce, ouvrant le bal aux autres qui fondirent sur son petit visage innocent, terrorisé.

Blessée dans sa chair et dans son âme, sans issue de secours, la mort s'amusait de son chagrin.

Perdue dans ses introspections, elle sursauta quand la main froide de la bête vint se poser sur sa joue, sans toutefois relâcher la pression qu'il exerçait sur son bras endolori.

Il se saisit de ses joues et l'obligea à faire face à sa colère.

Matteo avait laissé la bête en lui prendre le dessus sur ses gestes. Il avait agi sans réfléchir, se convaincant que c'était le seul moyen d'obtenir quelque chose d'elle, mais avait très vite compris son erreur quand il l'avait entendue renifler, pleurant en silence.

Maintenant que son visage mouillé lui était exposé, il s'en voulait d'avoir agi comme un monstre. Valait-il mieux que celui qui se croyait être son propriétaire ?

Il ne pouvait le dire, mais il était sûr d'une chose : il ne supportait pas la peur qu'il voyait dans ses yeux.

Il avait le cœur en miettes en voyant ses larmes et aurait préféré que son corps tremble de plaisir et non de panique.

Matteo ne voulait qu'une seule chose maintenant : la consoler, effacer ses larmes sur son beau visage, la protéger de ce monde dangereux qui n'avait aucun scrupule à broyer les plus faibles comme elle, et il était le mieux placé pour cela, vu qu'il faisait partie de ces monstres destructeurs.

Elle était si frêle, une si petite chose qui n'avait rien demandé.

Cependant, maintenant qu'il s'était montré sous son vrai jour à elle, accepterait-elle son aide ? Se confierait-elle à lui, lui qui s'était comporté comme un barbare avec elle ?

Il baissa les yeux sur son petit bras qui avait disparu sous sa patte. Il l'avait empoigné plus violemment qu'il ne l'aurait voulu et imaginait la trace que cette prise laisserait sur sa peau satinée.

Il se détesta à cet instant pour ce qu'il était ; il devait combattre son côté sombre si il ne voulait pas envenimer la situation déjà désagréable.

Matteo serra les dents à se les briser pour reprendre son calme. Ce combat qu'il menait contre lui-même sous les yeux horrifiés de la jeune femme fut plus difficile qu'il ne l'aurait pensé.

Habituellement, il savait garder son calme et excellait dans l'art de quitter l'homme pour devenir le démon, et vice-versa. Mais aujourd'hui, c'était plus compliqué. La cause ? Deux sentiments s'opposaient dans son esprit.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant