Perfect Addiction

30

Le jet privé de Matteo venait d'atterrir sur la piste d'atterrissage réservée, et une fois hors du grand oiseau mécanique, il n'avait qu'une seule envie : retourner chez lui et retrouver sa métisse, qui n'avait cessé de le hanter jour et nuit depuis deux semaines.

Il plongea ses mains dans ses poches, où dans l'une d'elles reposait bien au chaud une de ses petites culottes qu'il avait pris le soin d'emporter avec lui pour avoir toujours un bout d'elle.

Il monta dans la Range Rover noire blindée aux vitres fumées, conduite par l'un de ses chauffeurs, et prit place à côté de Giorgio, assis sur la banquette arrière, qu'il avait laissé en Italie pour qu'il continue à faire tourner le business en son absence, même si lui pouvait le faire à distance. Mais rien ne valait une force présentielle, palpable et voyante.

— Alors ? demanda Giorgio en sirotant son verre de whisky.

— On a conclu à vingt-cinq millions.

— C'est sept millions de plus que ce que proposaient les Thaïlandais. Comment on gère avec eux ?

— Une nouvelle cargaison quasi identique, mais plus importante, arrivera par bateau dans quelques jours. Nous préparerons leur commande en nous basant sur la cargaison précédente, et le reste, on le vendra aux Japonais ou aux Allemands. Ils devront juste être plus patients ; je ne peux pas délaisser les Chinois pour eux. Yang Liu est l'un de nos plus fidèles clients et le plus important ; il paie cash et sans discuter, et c'est parfait pour les affaires.

— Quand est-il de l'herbe  ?

— J'ai déjà programmé avec cinq clients habituels ; ils l'ont testé et sont satisfaits ; ils n'attendent que toi pour conclure. Une autre partie du stock a déjà été livrée dans les clubs, et les clients en sont dingues ; les bénéfices ne cessent de grimper à chaque heure.

— Parfait... et Malkia ?

Giorgio se mordit la lèvre inférieure pour ne pas pouffer de rire. Le grand maffieux inquiet pour une femme, il y avait de quoi rire. Son cousin ne cesserait jamais de l'étonner, et depuis qu'il avait fait la rencontre de cette jeune métisse qu'il devait admettre était renversante, il avait du mal à reconnaître le play-boy, le don Juan qu'il se plaisait tant à montrer à la gente féminine.

En une seule nuit, il avait changé du tout au tout, comme par magie. Il fallait le voir pour le croire, et il avait hâte de voir où cela les conduirait.

Mais pour répondre à sa question, il en savait trop rien. Les affaires l'avaient trop occupés, et il avait envoyé les jumeaux jouer les baby-sitters, qui eux, s'étaient fait un plaisir de garder sa femme, avec un Lorenzo qui avait pleurniché dans ses oreilles pour être de la partie. Mais ça, il le garderait pour lui ; ça ne servait à rien de l'énerver avec cette histoire.

Possessif comme il l'était depuis qu'il avait posé ses yeux sur cette fille, il trouverait cela inquiétant que Lorenzo, ce petit emmerdeur, ait insisté pour rester près de sa femme, et irait directement lui demander des comptes. Et pour Matteo, quand il demandait des comptes, il ne parlait pas, il frappait, et fort. Et lui n'avait aucune envie de voir le sang de son insensé de cousin couler, aujourd'hui ni demain.

Bref, d'après les trois rigolos, elle allait bien. Bizarre, il avait été habitué à une autre Malkia, et ce changement brusque intervenait par coïncidence après la fête du Nouvel An, fête au cours de laquelle ils s'étaient bécotés comme des putains d'adolescents amoureux. On aurait cru à une scène d'un roman à l'eau de rose, s'il ne connaissait pas son cousin, celui-là même qui était en train de le cadavrer du regard.

Il la trouvait plus docile. Ça aussi, il ne devait jamais savoir qu'il employait ce terme pour définir le caractère de sa femme ; sinon, il lui péterait la gueule. Il y avait une fête ce week-end, et il aimerait bien ramener deux ou trois jolies filles chez lui. Depuis sa brève aventure avec Tanya au club, il n'avait plus jamais touché à une femme, et ça le démangeait de partout.