38

721 29 2
                                    

Dans l'entrepôt planait une odeur relaxante de café moulu qui donnait un peu de repos dans cet environnement dangereux. Joachim, debout devant la machine, récupéra le deuxième gobelet de café au lait et descendit au sous-sol. Ses pas le menèrent dans une des cellules standards où l'attendait le jeune homme capturé lors de la mission à Milan de Lorenzo, le fan des années 2000. Il entra, déposa le café au lait devant lui sur la table avant de s'asseoir en face de lui.

— C'est pas avec du café que vous allez me faire parler, dit-il dans un italien approximatif.

— J'en ai rien à foutre que tu le boives ou pas. D'ailleurs, si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais crever, un de moins, un de plus, où est la différence ? dit-il détaché en haussant les épaules.

Il s'adossa sur la chaise en fer et se mit à boire son café noir et amer en l'ignorant.

— C'est une blague ou quoi ? C'est qui ce guignol ? s'emporta le jeune homme.

Joachim l'ignora en beauté ; il n'avait pas que ça à faire que de se disputer avec un gamin de vingt piges qui se prenait pour un gangster.

— Okay, comme nous jouons au jeu du silence, taisons-nous, conclut-il en prenant la même position que Joachim, les bras croisés sur sa poitrine.

Joachim se leva, termina son café brûlant d'un trait avant de s'essuyer la bouche du revers de sa main. Sur son holster cintré à sa taille, il posa sa main sur son arme et la tira du cuir noir.

— Impressionnant, votre bijou. Ça y est, on peut passer à autre chose ; j'ai très sommeil là.

Il fit semblant de bâiller pour illustrer ses dires.

— Allora buonanotte (Bonne nuit alors).

— Mi italiano está un poco oxidado, ¿puedes traducir al español ? (Mon italien est un peu rouillé, tu peux traduire en espagnol ?), railla-t-il, un petit sourire malicieux à l'extrémité gauche de ses lèvres.

Joachim, fidèle à son image, resta imperturbable, rien du monde touché par sa réplique. Il prit le temps de contourner la table, son arme à la main, et vint se placer près de lui.

"Clic"

C'était le bruit du cran d'arrêt de l'arme baissé par le pouce de Joachim, dont le canon froid était positionné directement sur la tempe du jeune homme.

Une sueur acide divisa son visage en deux parts inégales ; pétrifié par la panique qui rythmait l'activité de ses organes internes, il décroisa lentement ses bras et, d'une rotation prudente de son buste, il retrouva les yeux froids et déterminés du mafieux.

Il respirait à grandes bouffées, emportant tout l'air ambiant de la pièce dans son organisme pour calmer le stress qui l'emprisonnait. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait menacé de mort, mais ce qui changeait des autres fois, c'est que là, il jouait dans la cour des grands.

Il n'était pas prisonnier de n'importe quel mafieux ; c'était le diable, celui qui faisait trembler les autres, et l'homme qui était devant lui, pointant son arme sur sa vie, travaillait pour lui, et il n'hésiterait pas une seconde à lui planter cette balle dans la tête.

À cette distance, dans cette zone, il n'avait aucune chance de survivre ; il lui suffirait juste d'une balle, une seule balle pour faire exploser ce nerf, et c'en était fini de sa misérable vie.

Alors que lui gisait sur ce sol froid, son meurtrier serait sous une douche pour enlever toute trace de son sang projeté sur lui, et il continuerait sa vie sans remords.

Une vie de moins, une vie de plus, quelle différence ? Hein, quelle différence ? Le capo qu'il protégeait ne dirait
même pas un mot pour lui, mort pour son cartel : la vie continuerait son cours...

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant