Le retour en Sicile s'était effectué sans encombre. Contrairement à ce qu'il pensait, Lorenzo s'était finalement amusé à envoyer deux ou cinq âmes en enfer. En effet, au milieu des balles échangées entre ses hommes et les gardes de Pietro, il avait chargé sa mitrailleuse posée sur les sièges arrières et avait participé à la fusillade plus par envie de s'amuser que d'aider ; les autres se débrouillaient bien, ils n'avaient pas besoin de lui. Au cours de cet échange tumultueux, il avait appris par le Corbeau que le "bâtard" du maire était de la partie, un petit cadeau pour le patron.
Ils étaient arrivés au petit matin et avaient directement filé à l'entrepôt, sauf la famille qui avait été amenée dans un autre endroit plus sécurisé sous ordre de Matteo.
— Signore, je dois y aller. Passez une bonne fin de soirée, au revoir, signora, salua la gouvernante prête à partir.
— Mais non, Sonia, tu peux rester encore un peu, il se fait pas trop tard, implora Malkia, affichant une tête de chien battu pour la faire flancher.
Sonia la regarda avec des yeux ronds, touchée par ses yeux doux ; son cœur était en train de fondre à ce moment-là, et elle allait accepter quand son patron se racla la gorge pour qu'elle reporte son attention sur lui et lui fit signe de partir en lui faisant des gros yeux.
— Désolée, signora, on se verra dans deux semaines, promis. Elle tapa dans ses mains avant de reprendre : Bon, profitez du rôti, je l'ai fait avec tout mon amour .
— Danièle t'attends dans la voiture pour te ramener, bonne soirée, dit-il en s'approchant d'elle et en lui faisant la bise.
Malkia affichait une mine dépitée, déçue que Sonia ne soit pas restée une minute de plus, et pire encore, demain elles ne se verraient pas, encore moins les jours suivants. Aujourd'hui était son départ pour ses congés ; elle partait pour deux semaines. Matteo lui avait offert à elle et à sa famille un voyage en Chine ; ils allaient donc être seuls, lui et elle, juste eux deux dans cette grande maison, plus de Sonia pour se cacher derrière elle.
Au fil des jours, un véritable lien maternel s'était tissé entre les deux femmes. Malkia s'était rendu compte que Sonia n'était pas la méchante de l'histoire, au contraire ; elle avait su trouver en elle une alliée, voire la mère qu'elle n'avait jamais eue, et elle avait du mal à se défaire d'elle, de sa mère de cœur.
— Évitez de vous sauter à la gorge, je ne voudrais pas me retrouver au chômage pendant mes vacances, les badina-t-elle en adressant discrètement un petit sourire complice à Matteo, qui lui fit un clin d'œil à son tour, et la dame s'en alla.
— Allons manger, dit-il lorsque le corps de Sonia eut disparu derrière la porte et qu'un bruit de moteur se fit entendre.
— Je vais monter dans ma chambre, plus tard.
Avant qu'elle ne réussisse à s'échapper, il la rattrapa délicatement par le poignet, qui était à présent guéri, pour qu'elle lui fasse volte-face. Cette dernière eut un hoquet de surprise devant son geste ; les sourcils froncés, elle passa successivement son regard sur son poignet piégé par sa large main, elle était vraiment minuscule face à lui, constata-t-elle, déçue , à ses yeux indéchiffrables, un total mystère pour son petit esprit.
La prise ne lui faisait pas mal, mais elle essaya de s'en dégager ; ils étaient trop proches, et elle détestait cet effet, devenu habituel, qu'il produisait sur elle quand il la touchait.
Matteo la regardait amusé ; il savait pourquoi elle essayait de se défaire de lui. Sous ses paumes, il avait senti sa peau se couvrir de frissons quand il était entré en contact avec elle. Elle n'était pas indifférente à lui, ce n'était pas une nouvelle ; il le savait et c'est pourquoi, dès qu'il le pouvait, il en profitait pour la toucher. Il aimait que sa chair réponde si facilement à l'appel de la sienne.
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Perfect Addiction
RomanceUne rencontre inattendue, un regard d'une seconde et un amour passionné et obsessionnel sans limite. Deux personnes que rien ne prédisposait à se rencontrer,une âme noire et une âme blanche pourtant fusionnelles. Lui, il est baigné dans le sang, il...