Perfect Addiction

23

La nuit avait été courte et riche en émotions pour Matteo, qui n'en avait pas l'habitude. Hier, lorsqu'elle s'était levée et avait quitté la table, Matteo avait jugé bon de la laisser tranquille pour ne pas trop l'étouffer. Il en avait également profité pour passer quelques coups de fil à ses hommes, parmi lesquels Lorenzo, cet "abruti" qui était drôlement surexcité d'avoir tiré dans quelques têtes. Ils s'étaient donnés rendez-vous pour la soirée de demain dans la villa.

Il avait par la suite monté les escaliers et s'était précipité dans sa chambre, presque en courant, en entendant des renâclements. Il l'avait trouvée là, la tête sur les draps, en pleurs, et cette vision lui avait fendu le cœur. Son âme déjà sombre était devenue sombrement noire, invisible dans ces ténèbres.

Il s'était approché sans faire de bruit, mais il savait que dans l'état où Malkia se trouvait, ça ne servait à rien ; elle était déconnectée de la réalité. Il en avait profité pour établir le contact physique entre eux et la prendre dans ses bras. Et elle avait répondu à son étreinte, se laissant porter dans ses bras jusqu'à sa chambre. Elle avait besoin de lui et il l'avait compris quand elle s'était agrippée à lui comme s'il était sa seule issue qui lui permettait de ne pas perdre totally pied. Et il avait accepté l'être ; c'était son rôle, il était son mari. Pour la première fois depuis qu'ils vivaient ensemble, il s'était senti en osmose avec elle ; il avait l'impression qu'ils ne formaient plus qu'un, une seule chair, une seule âme.

Pour la deuxième fois de sa vie, il dormait dans les bras d'une femme, et il avait oublié ce que ça faisait. C'était tendre, relaxant ; même sa tristesse était douce. À croire que chez elle, rien n'était dur, agressif, mauvais, contrairement à lui. Pour la première fois, il apaisait quelqu'un, et c'était ça qui était différent avec elle ; tout était unique avec elle, même le quotidien.

Matteo n'avait pas dormi de la nuit, il n'avait pas eu besoin d'une cigarette ou d'un verre d'alcool fort pour dormir. Juste ses bras avaient suffi pour taire ses démons qu'il avait laissés derrière la porte pour cette nuit, avant de les retrouver le lendemain.

Sa journée avait été blanche, sans répit, sans repos, et pourtant il était en pleine forme. Il lui avait préparé le petit déjeuner, qu'il avait déposé sur la table basse devant le lit sur lequel elle était étendue, encore endormie. La jeune femme avait vraiment le sommeil profond.

Ensuite, l'homme était sorti avec Sacha pour son footing. Il ne pourrait pas le faire demain, pas avec ce qui se passerait entre la soirée d'aujourd'hui et le petit matin qui suivrait.

Tendre, calme, agréable... voilà comment Malkia décrivait sa nuit. Elle bougea doucement dans les draps avant d'ouvrir lentement les yeux, elle entra en contact avec l'obscurité et ne vit rien autour d'elle. La jeune femme battit l'air avec ses longues plumes noires accrochées à ses yeux pour éclaircir sa vision oculaire qu'elle pensait brouillée à cause du sommeil, mais rien ne s'arrangea.

Elle enfonça son visage dans l'oreiller et un parfum musqué vint chatouiller ses narines. Alertée, Malkia se redressa d'un coup : pourquoi son oreiller sentait-il Matteo ? Avait-il dormi avec elle ? Tout lui revint à cet instant : sa crise de nerfs, ses pleurs, ses bras autour d'elle, leur étreinte... Elle se souvenait vaguement qu'ils s'étaient déplacés, mais pour quel lieu ?

Son cœur venait de rater un battement quand une idée horrible lui traversa l'esprit ; l'estomac au bord des lèvres, elle tendit sa main tremblante vers la table de chevet et atteignit la lampe qu'elle alluma. Ses doutes se confirmèrent : elle n'était plus dans sa chambre. Malkia regarda affolée autour d'elle et presque tout était sombre et viril : les meubles imposants en bois massif noir et gris, les murs anthracite, le parquet marron foncé. Ses yeux se baissèrent sur le bas de son corps et elle étouffa de justesse un cri : les draps étaient noirs et la couverture rouge ; elle avait l'impression d'être sur un autel et qu'elle était le sacrifice.