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Le soleil commençait déjà à disparaître derrière l'horizon, laissant une couleur rougeoyante sur les montagnes enneigées qui rendait le panorama magnifique. Assis derrière son grand bureau en bois massif marron, Matteo observait son bras droit, Giorgio, et Joachim, qui lui faisaient un compte rendu à travers son verre rempli de rhum martiniquais. Les sourcils arqués, le regard vide, il avait les yeux posés sur eux, mais ses pensées étaient ailleurs.

Il entendait de loin les voix de ces derniers, pourtant près de lui, et qui commençaient déjà à le soûler. À vrai dire, il s'ennuyait ; cette réunion, ô combien importante, l'éxasperait, et il n'avait qu'une seule envie : y mettre fin au plus vite. Mais, devoirs y obligent, il devait tenir le coup jusqu'à la fin, qui était loin d'arriver. Giorgio semblait prendre plaisir à lui faire le bilan détaillé de ce mois.

À cet instant, il aurait aimé avoir des supers pouvoirs pour se créer un double et aller à l'étage, ou avoir une super audition pour écouter ce qui s'y passait. Fort agacé, il inspira bruyamment pour inciter Giorgio à se dépêcher. Fort heureusement, ce dernier comprit le message. Après un bref coup d'œil à sa montre attachée à son poignet, il but une gorgée de sa liqueur pour éteindre le feu de la frustration qui embrasait son être.

— Nous avons récupéré plus de dix kilos de drogue chez Damon, et nous n'attendons que ton feu vert pour passer à l'action, sans compter que nous avons rendez-vous avec un de nos clients mexicains...

Il parlait, il parlait, et cela l'énervait. Bordel, il avait envie de taper du poing et sortir de là ! Il connaissait déjà toutes ces informations par cœur ; pourquoi lui faire subir une telle torture ? À travers deux fentes impénétrables, il fusilla Giorgio, vêtu d'un élégant costume bleu marine, qui semblait faire l'aveugle cette fois-ci.

Mais putain ! Giorgio, toujours serein, continuait dans son monologue long, ennuyant et infini. Matteo était à bout de nerfs. Était-ce vraiment Giorgio le problème ? À bien y réfléchir... Non.

Habituellement, il prenait un tout petit peu de plaisir à ce genre de réunion ; cela lui rappelait qu'il était le maître incontesté, le seigneur, le vainqueur. Il écoutait avant avec un sourire mi-agacé, mi-fier, mais aujourd'hui c'était différent ; il était presque lassé, et pour cause...

Couchée sur un lit en baldaquin avec des draps blancs, Malkia ouvrit petit à petit les yeux, essayant de lutter contre son crâne qui lui faisait terriblement mal. Elle était affaiblie, fatiguée et affamée, mais que s'était-il passé ? Une fois ses yeux habitués à la lumière, elle prit contact avec le paysage et constata avec effroi qu'elle n'était non seulement plus dans la chambre du mafieux, mais non plus dans la sienne.

Où était-elle ? Comment avait-elle fait pour se retrouver là ? Malgré sa petite migraine, elle tenta de se remémorer les dernières heures, et c'est avec difficulté qu'elle se souvint de tout. Elle bondit sur le lit avec du mal, car sa tête était lourde, sans compter le vertige, et porta une main paniquée à ses lèvres sèches et l'autre à son cou ; il l'avait piquée pour qu'elle s'endorme, le salaud !

Affolée, elle pensa au pire et glissa sa main hésitante sur son sexe ; il fallait s'attendre à tout, mais rien d'anormal. Elle se tourna sur le lit ; il était propre, mais cela ne voulait rien dire ; il avait pu changer les draps et la laver. Elle eut une montée de dégoût à son égard.

Elle trottina, vasseuse, jusqu'à la porte fermée, avant que celle-ci ne s'ouvre d'un coup.

Malkia, apeurée, se cacha le visage pour se protéger, c'était stupide, mais sur le coup, elle n'avait trouvé que ça. Les yeux cachés par ses mains tremblantes, elle s'en remit à son ouïe et à son odorat pour la guider. Des pas légers et sourds se firent entendre, et une douce odeur de citron embauma la pièce. Ce n'était pas lui ? Mais qui donc ? Une femme ? Sûrement, à en croire l'odeur.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant