Perfect Addiction

10

Malkia s'affairait devant un bouquet de fleurs, une commande reçue de son petit voisin pour sa copine. Un mois s'était écoulé depuis qu'elle avait fui Damon et Matteo. Quelques jours après sa fuite, on avait annoncé dans le journal la mort de son geôlier, retrouvé poignardé et pendu à une branche. Elle connaissait l'auteur de ce meurtre et, en voyant la monstruosité des images, elle avait bien fait de ne compter que sur elle.

Elle se rappelait de son périple qui avait duré des jours : des kilomètres parcourus à pied, des nuits passées sous des bancs, avec la peur de le trouver au-dessus d'elle à son réveil. Mais rien, elle avait pu rejoindre New York grâce à un couple âgé qui lui avait gentiment proposé de lui raccourcir le chemin, des vrais anges.

Aussi,elle se souvenait de tous ses cauchemars successifs qui l'avaient tenue éveillée. Ces cauchemars dans lesquels elle revoyait Damon plein de sang à ses trousses pour l'amener avec lui, mais il était mort. Elle le savait, mais ne pouvait empêcher ses tourments de venir habiter ses nuits. Et quand ce n'était pas lui, c'était l'homme qui lui avait ôté la vie, Matteo, qui était aussi une des raisons qui l'avaient tenue éveillée des nuits durant.

La jeune femme avait eu peur de le voir chez elle, au bout de la rue, n'importe où, venu pour l'amener aussi avec lui de force. Aujourd'hui, trente et un jours plus tard, elle n'avait plus eu de nouvelles du mafieux et en était heureuse, même si elle devait avouer ressentir inexplicablement un petit pincement au cœur en pensant qu'il l'avait oubliée si facilement.

Pour la première fois depuis son retour, elle s'occupait de la boutique. Après avoir raconté son périple à Judith, son amie qui revenait tout juste d'un voyage avec son fiancé, elles avaient conclu qu'il était préférable pour sa sécurité de rester dans son appartement et de ne descendre qu'en sa présence, une mesure préventive.

Un sourire de satisfaction aux lèvres, elle glissa la petite carte entre les fleurs. Le tintillement de la cloche fixée au-dessus de la porte lui indiqua qu'un client venait d'entrer. Elle mit de côté le petit bouquet et porta son attention sur le nouveau arrivant. Son cœur fit un bond en le voyant : grand, les cheveux blonds, la trentaine, élégamment habillé dans un costume griffé gris. L'homme lui rappelait étrangement Matteo.

Elle s'administra une petite gifle intérieure pour reprendre ses esprits et adressa un sourire accueillant à l'homme qui la détaillait avec une telle précision qu'elle se sentit gênée, comme avec le mafieux.

— Bonsoir, Malkia Rice, que puis-je faire pour vous ? lança-t-elle comme il était de coutume, sans se départir de son sourire.

— Bonsoir.

L'homme lui souriait aussi, et elle nota que sa voix était plus réconfortante, posée comme celle des sages. Ses pensées se dirigèrent une fois de plus vers Matteo.

Malkia ferma les yeux, agacée d'avoir toujours des pensées pour cet homme ignoble.

— Ça va ? demanda l'homme, inquiet.

— Oui, ça va. Pourquoi ?

— Vous êtes en train de vous pincer avec le sécateur, expliqua l'homme.

Morte de honte, elle baissa les yeux sur son doigt pris effectivement entre les dents du sécateur. Pourquoi n'avait-elle pas senti la douleur ? Malkia se mordilla la lèvre inférieure, son sourire toujours accroché à celle-ci. Elle prit une grande et bonne inspiration et redéposa la pince avant de se mutiler le doigt.

— Ne faites pas attention, je suis un peu tête en l'air ces derniers jours, rétorqua-t-elle en balayant d'une main ses inquiétudes.

— Okay. J'aurais besoin d'huiles essentielles et de quelques bouteilles de parfums pour femme.