43

657 27 0
                                    

L'atmosphère était devenue oppressante à la villa depuis le retour de Matteo une semaine plus tôt. C'était la guerre froide entre le couple, et la vie s'était transformée en champ de bataille.

Entre Principessa et le diable qui en sortirait vainqueur ?

Entre Isis et Osiris, qui réussirait à faire plier l'autre ?

Le manoir n'avait plus rien d'hospitalier ; les seules fois où on entendait des voix, c'était celle de Sonia qui répondait aux ordres du maître des lieux ou des cousins qui venaient et partaient. Tout était monotone et froid.

La tension était à son comble, tendue à l'extrême, prête à se casser. Plus de mots doux, plus de chocolats, plus de taquinerie, plus de cris, plus rien ; ils étaient devenus deux étrangers l'un pour l'autre. Ils ne se voyaient plus, ils se croisaient ; ils ne se parlaient plus, ils se toisaient. L'un comme l'autre s'évitait comme la peste.

Malkia se protégeait de celui qu'elle considérait maintenant comme un monstre, et Matteo, par orgueil et par honte de ce qu'il avait fait avec Paloma.

Devait-il avouer ou se taire ? Ne rien dire, ce n'était pas mentir, n'est-ce pas ?

Aujourd'hui, comme les jours qui l'avaient précédé, c'était le désert chez les Rossi. La maison semblait inhabitée, dépourvue de ses habitants qui étaient portés disparus. Un silence de mort habitait le manoir, avec pour hôte les talons de Sonia qui gifflaient le sol dur pour résonner dans toute la pièce.

Son panier à linge à la main, elle prit le couloir qui menait à la chambre de sa maîtresse. Elle venait de terminer avec la lessive et devait ranger le linge propre. Dès qu'elle annonça sa présence, la porte s'ouvrit sur une jeune fille pâle à l'accoutrement négligé. Sonia n'était plus étonnée ; cela faisait plusieurs jours qu'elle se laissait dépérir dans sa chambre.

Même si la jeune femme ne le disait pas, il était clair que cette situation l'affectait, les affectait. Aucun des deux ne voulait faire un effort pour rétablir l'harmonie ; ils préféraient fuir la vérité et s'ignorer, alors qu'ils vivaient dans la même maison et étaient mariés.

Malkia se mortifiait dans sa chambre, où elle avait élu domicile ; elle n'en sortait pratiquement plus. Et Matteo, après un bref séjour à la maison, avait décidé de fuir l'atmosphère asphyxiante en s'envolant pour aller superviser l'un de ses projets.

Voilà ce qu'ils étaient devenus : deux ombres, deux droites parallèles.

Sonia souffla par les narines, lassée de ce climat étouffant, en déposant le dernier vêtement plié et soigneusement repassé dans la penderie. Elle délaissa son panier et vint s'asseoir à côté d'une Malkia vide et blafarde couchée dans son lit, le regard perdu sur le plafond.

Que faire ? Virginia ne devait pas gagner, ça, jamais !

Sonia se leva et alla dans la salle de bain pour préparer son bain, à cette allure, elle craignait qu'elle délaisse aussi son hygiène. Près du lavabo, elle trouva un flacon de parfum sans étiquette. Quand elle l'approcha de son nez, il sentait la rose. Malkia avait une parfumerie à New York, d'après ce que Lorenzo lui avait dit, qui l'avait pris dans la bouche de Giorgio. Une idée lui vint en tête alors. Elle prit le flacon et retourna dans la chambre.

- C'est le vôtre, signora ?

- Hm hm, répondit celle-ci morose.

- Il sent bon, vous savez où je peux m'en procurer ? Ma fille l'aimera beaucoup, bientôt c'est son anniversaire.

- Oh... il n'est pas encore en vente, c'est moi qui l'ai fabriqué.

- Ah, vraiment ? s'écria-t-elle, véritablement surprise, elle ne savait pas que Malkia en fabriquait aussi.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant