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Deux semaines venaient de s'écouler depuis qu'ils avaient quitté le manoir Rossi.

Deux semaines qu'elle connaissait les jumeaux Nico et Yanis, deux semaines qu'elle avait pu avoir des nouvelles de son amie et de l'état actuel de sa boutique.

Deux semaines qu'elle était hantée par leur brève idylle du nouvel an.

Deux semaines qu'elle avait fait la connaissance d'Elena, qu'elle n'avait plus vue.

Deux semaines qu'elle partageait le même lit avec lui, même si la première et la seule nuit n'avait pas été facile.

Deux semaines qu'elle se demandait si oui ou non elle devait donner une chance à Matteo.

Deux semaines que Matteo était parti pour affaires et son retour était prévu pour le jour-même.

D'énormes changements en juste quatorze jours, quatorze jours qui avaient duré une éternité depuis son départ.

Elle se souvenait de leur retour à la villa, du coup de fil qu'il avait reçu, de leur première et seule nuit ensemble, une nuit qu'elle n'oublierait sans doute jamais. En effet, elle était tombée des nues quand ce dernier lui avait annoncé vouloir "passer à l'étape supérieure" par une cohabitation plus intime.

Maintenant, il n'était plus question de faire chambre à part ; fini les couleurs vives qui illuminaient son espace de vie. Chacune de ses nuits et ses réveils se faisaient dans l'obscurité, seule avec son odeur comme compagnon.

Sa première nuit avait été difficile dans cette chambre qui n'était pas la sienne et qui lui était hostile jusqu'à maintenant. Elle avait toujours du mal à s'habituer à ses couleurs sombres et pétrifiantes qui couvraient les murs et les meubles de l'appartement de son mari.

Elle se souvenait de toutes ses appréhensions, certaines l'avaient quittée, mais d'autres planaient toujours. De ses peurs qui l'avaient fait veiller jusqu'à tard dans la nuit, la peur d'un rapprochement plus intime, la peur des cauchemars que promettait la pièce.

La pluie venait de s'arrêter. Il pleuvait tous les jours depuis qu'il était parti, à croire que même le temps était impacté négativement par son absence.

Debout près de la baie vitrée ouverte, elle observait sans grand intérêt la nature reprendre vie. Une abeille venait de se déposer dans une fleur rose aux pétales mouillées pour recueillir du pollen qui devait la servir pour concocter son miel lourd, doux et sucré.

Les oiseaux avaient repris leur mélodie glorifiant le soleil d'avoir repointé son nez... Après la pluie vient le beau temps, comme on le dit souvent...

Mais Malkia, elle continuait à être morose, livide ; elle avait la sensation d'avoir un trou dans la poitrine, d'être incomplète. Elle avait du mal à se l'avouer, mais il lui manquait : ses taquineries, ses expressions faciales, son sourire, son regard...

Tout ce qui faisait Matteo lui manquait, même son côté hautain la manquait cruellement. Pourtant, elle avait essayé de combler ce vide. Elle avait enchaîné les soirées détentes avec les jumeaux et Lorenzo.

Ils essayaient de lui accorder du temps malgré leur emploi du temps très chargé, et ça, elle leur en remerciait. Au moins une bonne chose ressortait de cette histoire : elle avait pu enfin briser la glace avec le trio sans avoir besoin d'alcool.

Ils s'entendaient plutôt bien ; ils rigolaient bien quand ils étaient ensemble, mais sans Matteo, tout ceci n'était qu'une histoire de quelques heures ; une minute d'absence était un million de secondes de tristesse.

Une fois seule, ce sentiment de vide abyssal remontait à la surface. Tout revenait encore à Matteo ; elle devait mettre les choses aux claires avec lui, sur leur relation. Mettre un mot sur ses sentiments contradictoires. Savoir où elle en était avec elle-même. Pour ça, il devait revenir, et elle appréhendait ce moment fatidique.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant