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On était en hiver, mais la chaleur à l'extérieur était étouffante, une brûlante canicule à en faire cramer les crânes. Une vraie boule de feu insupportable, même pour eux, des hommes qui avaient fait de l'enfer leur résidence depuis des années.

Encore un mauvais présage...

Giorgio tira une dernière fois sur sa cigarette avant de la lancer au sol, devenu sec et qui laissait échapper une fine poussière de terre rouge à chaque coup de vent, et de l'écraser. Il s'essuya son front humide, les yeux perdus dans l'horizon, alors que Lorenzo s'approchait.

— Qu'est-ce que tu fous là ? Attaqua Giorgio.

— Assis, pupuce. Si tu continues,  pas de câlin pour toi, se marra-t-il avant de reprendre plus sérieusement. Pourquoi nous perdons-nous notre temps avec eux ?

— Ce sont les complices de Damon.

— Damon ? Ce crétin ? C'est juste un petit dealer.

— Pas que, cet enfoiré a baisé Matteo de la plus belle des manières.

— Raconte...

Ce dernier tira sur le haut de son pantalon en jeans et s'assit sur un des troncs d'arbres coupés qui servaient de siège.

— Il est entré dans un cartel mexicain qui fait dans le trafic de drogue, d'armes et d'êtres humains. Ils kidnappent des filles qu'ils utilisent comme mules pour faire passer leur poudre et ils prostituent certaines jusqu'à épuisement. Et leur but aujourd'hui, c'est de mettre la main sur l'Italie, la Sicile. Ils ont déjà conquis certains territoires, minimes, mais ils s'implantent et cherchent à étaler leurs tentacules et mettre leur queue dans le cul du boss. — Si on l'élimine :
- on sauve des milliers de filles qui participent au fonctionnement de ce maledetto cartello par force,
- on récupère leurs terres, agrandissant notre territoire qui est déjà assez vaste, et on imposera plus d'autorité,
- on pourra récupérer leur clientèle et mettre en sang plusieurs petits gangs qui travaillent avec eux en ce qui concerne la coke.

À la suite de son récit, il porta une canette à sa bouche pour se désaltérer.

— Quels cachottiers ! Vous comptiez me mettre au parfum après avoir fini de faire la fête ?

— Pourquoi tu n'es pas resté en Russie ? J'y retourne.

Ils retournèrent dans l'entrepôt où les attendaient Joachim, assis sur l'une des chaises, et Matteo, une fesse sur la table.

— Alors ?

— C'est une sale garce, cette fille, elle n'a aucun sentiment, même son fils ne la fera pas flancher, répondit Lorenzo.

— C'est donc elle la meneuse entre les deux. — Devrais-je m'occuper d'elle aussi ? Giorgio ? Lorenzo ? Joachim ? Ne me dites pas que vous ne savez pas faire parler une petite puttana ! Gronda-t-il d'une voix posée en les regardant tour à tour.

— Bien sûr que non, Matteo...

— Alors, qu'est-ce que vous foutez là ? Pendant que vous faites la causette, ce putain de cartel cherche comment s'accaparer de mon territoire ! Bougez-vous, mais je veux des informations. Ce que l'autre m'a donné n'est pas assez suffisant, et dans deux heures, je veux vous voir à la villa. Faites-moi chanter cette hirondelle jusqu'à épuisement de ses cordes vocales, è chiaro ? (Est-ce clair ?)

Ils acquiescèrent d'un mouvement unanime de la tête.

Cette histoire ne sentait pas bon, et bien que Matteo ne fût pas du genre pessimiste, mais il craignait la suite sans en connaître la raison.

Avant d'arriver à la villa, il s'arrêta devant une bijouterie où il avait passé une commande spéciale.

Il freina brusquement avant de garer et monta les marches, son petit paquet rouge en main. Dans le hall, il s'arrêta devant le grand miroir pour remettre en place ses cheveux, vérifiant si une tâche de sang ne l'avait pas touché. Il passa une main dans sa barbe mal rasée. Chose faite, il alla à la cuisine où se trouvait probablement Sonia.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant