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Une Audi A8 L Quattro fit son entrée entre les deux grandes barrières en fer surmontées de barbelés aux pointes aussi piquantes que celles d'un ronce qui protégeait la villa. À bord de la voiture luxueuse du meilleur modèle de l'Audi A8, Matteo était confortablement assis sur le siège en cuir beige nacré de la berline, une main de maître maîtrisant le volant griffé par le logo de la marque allemande. L'horloge numérique du tableau de bord indiquait dix-sept heures quand il se gara dans l'allée, prêt à rejoindre sa femme qui l'attendait sûrement de pied ferme.

Il avait passé une mauvaise journée, entre Malkia qui débordait de frustration, Camilla qui faisait sa tête de mulle et Ché qui s'obstinait à garder ses lèvres scellées. Après sa conversation avec Camilla, qui n'avait rien arrangé des choses, il avait cru pouvoir se calmer en déversant sa colère sur ses prisonniers, arrachant au passage des informations, mais rien de tout cela ne s'était produit ; il avait beau frapper sur le frère de Monsieur E, il n'avait pas pu décolérer et aucun aveu de sa part. En fin de compte, il était encore plus frustré qu'à son départ des heures plus tôt.

Il traversa rapidement le hall en priant pour que personne ne se mette sur son chemin et rejoignit sa chambre où il se dépêcha de se débarrasser de ses vêtements et d'aller sous la douche. Quand il termina, il se recouvrit d'une serviette et nettoya ses cheveux ; il détestait voir de l'eau goutter sur le sol, ça le repulsait.

Dans la chambre, il n'y avait aucun signe de Malkia ; il se demanda où elle pouvait bien être à cette heure de la soirée et si elle avait décoléré depuis. Dans son dressing, il prit un pull de couleur pour changer de ses tons ternes dont il avait l'habitude et un jean noir pour le confort d'être dans ses habitudes.

— Tu es rentré depuis ? l'accueillit Malkia accoudée sur la chambranle du dressing où il terminait de ranger deux ou trois trucs qu'il avait trouvé en désordre dans son côté de la pièce ; on pouvait dire qu'elle était plutôt de nature un peu bordélique.

Il fut surpris de la voir là et son attitude le scotcha ; elle n'était pas en colère et aucune haine dans sa voix qu'elle s'efforçait de garder neutre. Dans le tiroir près de lui, il rangea sa chaussette soigneusement pliée avec les autres.

— Non, j'ai juste fait vite. Toi, ça va ? s'enquit-il les sourcils froncés, toujours déboussolé par son comportement posé.

Où était passée la Malkia rageuse de ce matin ? se demanda-t-il en gommant prudemment les mètres qui les distançaient.

Lorsqu'il fut devant elle, il enfouit ses doigts dans les poches avant de son jean et se balança d'avant en arrière sur la pointe des pieds comme une ballerine ne sachant pas sur quel pied danser, tant la situation était dépaysante.

— Tu as l'air plus calme que ce matin, lui fit-il la remarque.

— Oui, c'est pas en criant que les choses vont aller pour le mieux, le surprit-elle une fois de plus par cette maturité d'esprit.

Gagnée par la nervosité que procurait le moment embarrassant, elle se frotta l'avant-bras, les prunelles fixées sur le pull de couleur qui ne le ressemblait pas du tout.

Pourquoi ce changement ?

Était-ce un signe du destin ?

L'heure n'était pas à la paranoïa, se remit-elle sur le droit chemin ; ils avaient d'autres choses plus importantes à régler pour l'instant.

— Tu n'i...

— Il faut...

Ils avaient parlé au même moment et, dans cette situation, c'était plus que gênant qu'amusant. Matteo se passa une main dans ses cheveux épais qui avaient pris quelques centimètres ; lui aussi était mal à l'aise.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant