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Lorenzo, assis sur une chaise tourna la baguette à l'intérieur du canon de son arme posée sur un appui pour la stabiliser puis dévisa la brosse sale de l'embout fileté pour le remplacer par une page de coton.

Il avait quitté la Sicile une semaine plus tôt pour faire du repérage avant de passer à l'exécution de la première partie du plan de Giorgio. Arrivé au Texas, accompagné de Nico, il avait trouvé refuge dans un motel miteux de la ville où se trouvait la prison qui detenait entre ses quatres murs Bonaparte.

L'odeur du tabac alliée à celle de l'humidité due à l'usure de l'immeuble, flottait dans la petite chambre dont les coloris terne lui donnait le teint gris.

Il réintroduit la tige à travers le guide inséré dans la chambre dans son canon et recommença ses rotations.

Pour égayer l'ambiance lugubre, Nico avait allumé le petit poste radio posé sur la table bancale qui menaçait de s'écrouler d'un moment à l'autre,  près de son arme et de ses baffles s'évadait Everybody hurts de R.E.M.  

Les paroles percutantes de la musique captivèrent son attention, s'empara de son cerveau d'où il fit remonter comme un corps lancé dans la mer,  des souvenirs qu'ils partageaient avec Matteo.

Onze ans plus tôt :

Un homme criait en courant derrière un jeune garçon qui tenait un porte feuille dans la main, attirant l'attention des passagers qui se retournèrent sur son passage.

— Hey! Arrêtez le, ce sale mioche m'a soutiré mon porte monnaie ! Hurlait-il.

Il essayait de rattrapper le jeune homme mais la vivacité de ce dernier et sa volonté de ne pas tomber entre les mailles du filet eurent raison de lui et il perdit sa trace.

Fier de son coup, l'adolescent se laissa tomber sur le sol derrière un mur en brique rouge, son butin entre ses mains. Le sourire aux lèvres, il reprenait peu à peu son souffle gaspillé lors de sa traque avant de jeter un coup d'œil à l'intérieur de l'étui en cuir marron.

Il en était à son troisième coups depuis deux semaines et avec le temps, il commençait à se perfectionner dans l'art du soutirage et son regard de lynx était un atout pour repérer ses futures victimes.

Voilà deux jours qu'il n'avait rien mis sous la dent, voler n'avait jamais été son souhait mais les jobs se faisaient rare et il devait bien se débrouiller s'il ne voulait pas mourir de faim dans cette grande ville. Pourtant, une autre solution s'offrait à lui, rentrer tout simplement chez lui ais il ne le pouvait et ne le voulait pas, la rue était depuis peu sa maison, il s'y sentait à l'aise et plus en sécurité que chez lui sans compter l'indépendance qu'elle lui offrait sans qu'il n'ait à demander.

Son ventre applatit par la famine lui rappela ce pourquoi, il était sortie dans les rues ce matin, prenant le risque de finir derrière les barreaux ou mort et il se jeta sur le porte monnaie pour retirer les quelques billets qui l'aideraient à tenir jusqu'à la prochaine sécheresse.

Alors qu'il comptait le fruit de aon labeur, une ombre passa au-dessus de lui faisant bondir son cœur qui tomba dans son estomac, la peur de s'être fait prendre l'avait saisit et immédiatement, il cacha les billets derrière son dos.

— J'en veux pas moi de tes miettes, dit une voix rieuse au dessus de lui.

Il leva la tête et rencontra un jeune homme de vingt-deux ans aussi haut qu'un arbre et monté qu'un taureau. Sous le soleil, il ne pouvait distinguer la couleur de ses yeux mais la noirceur qu'elles renvoyaient laissant en héritage cette épouvante terrifiante lui fit froid dans le dos et bien qu'il souriait, il pouvait sentir le danger flotter autour de lui, le mettant sur ses gardes.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant