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"- Et... s'il n'y a pas d'obstacle ? murmura-t-elle en frissonnant sous la caresse de plus en plus insistante.
- Alors,on passe à la troisième, beaucoup plus audacieuse.
- Audacieuse...jusqu'où?
Il appliqua les paumes de ses mains sur ses seins palpitants."


Couchée sur le côté dans le canapé en cuir qui trônait près de la fenêtre, devant une imposante cheminée en brique grise d'où jaillissaient des flammes oranges alimentées par les bûches de bois qui devenaient peu à peu une cendre grise, Malkia tenait un livre en main : « Le bal des célibataires », un Harlequin écrit par Day Leclaire qu'elle avait trouvé sur l'une des étagères remplies de livres aussi ennuyeux les uns que les autres.

Ils s'agissaient d'ouvrages sur la finance, sur l'histoire, l'anatomie... rien de palpitant, mis à part le bouquin de cent cinquante et une pages dont elle avait mis la main dessus, presque invisible à cause des ouvrages volumineux qui le cachaient.

Elle avait été extrêmement surprise de trouver un tel livre ici, Matteo n'ayant rien d'un homme apprécieur des romans à l'eau de rose comme celui-ci.

Emportée par l'histoire d'amour entre Claire et Jake Hondo au Texas, elle avait perdu la notion du temps et n'avait donc aucune idée de l'heure qu'il était, mais ça, ça lui passait au-dessus de la tête ; pour une fois qu'elle s'amusait depuis qu'elle avait atterri dans cette maison, elle comptait bien profiter de chaque minute, loin de l'homme qui partageait sa vie et de son monde dangereux.

Matteo venait de passer la porte d'entrée lorsqu'il tomba nez à nez avec Sonia, qui lui prit son manteau pour le déposer sur le portemanteau près de la porte avant de s'effacer pour le laisser passer.

- Comment s'est passée la journée ? demanda-t-il platement en se dirigeant vers les escaliers.

- Bien, la signora a enfin décidé de sortir de sa chambre ; elle se trouve actuellement dans la bibliothèque, où elle s'est enfermée depuis trois heures.

Cette information fut comme un coup de poing à l'estomac ; il n'arrivait pas à croire ce que venait de dire Sonia. Que pouvait-elle bien faire dans la pièce la plus ennuyeuse de la villa ? Enfin, sauf pour lui ? Il fronça les sourcils et remercia Sonia, qui enfilait son manteau, prête à partir, avant de rejoindre lui aussi la bibliothèque où se cachait sa femme.

Son paquet en main, il longea les couloirs sombres et longs et s'arrêta devant une grande porte en bois massif qu'il poussa tel un seigneur dans son royaume. Elle était bien là, les yeux rivés sur un petit livre qu'elle avait entre les mains ; tiens, il ne connaissait pas celui-là. Seulement en se basant sur sa taille, il savait que ce n'était pas le sien. D'où sortait-il donc ?

Il poussa une longue inspiration de plénitude en l'observant dans toute sa splendeur, absorbée dans sa lecture, et il aimait ça ; il aimait cette vue et voulait toujours que tout soit ainsi, calme et apaisant. À pas de loup dans la bergerie, il s'approcha d'elle sans quitter un seul instant son corps étendu, dont l'esprit était distrait. À chacun de ses pas, il se délectait de son innocence, de sa pureté ; il se retrouva au-dessus d'elle, tel un prédateur surélevant sa proie, et posa délicatement sa large main sur ses cheveux aux boucles souples.

Malkia sentit un poids sur sa tête et sursauta sans perdre la page de son livre qu'elle cala avec son index. Le regard noir fusillant le nouveau venu, qui n'était pas le bienvenu, elle se leva, porta ses pantoufles et fusa vers la porte comme si elle avait le feu aux fesses. La jeune femme l'ouvrit, mais une seconde plus tard, elle se referma dans un bruit brutal dont le son fit écho dans toute la pièce, faisant vibrer les murs. Elle leva les yeux au-dessus d'elle et rencontra une main, grande, poilue, bronzée et tatouée.

Perfect AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant