Un poing frappa sur la table en chêne vernie qui trônait dans le bureau de Matteo.
Une heure plus tôt, une Hummer avait garé dans l'allée devant le manoir, et un homme vêtu de la tenue conventionnelle des chauffeurs sortit côté conducteur pour ouvrir la portière passagère de derrière. Virginia, majestueusement dressée, habillée d'un tailleur pantalon vert citron et d'escarpins talons hauts en dam nude avec une bouche en argent devant , sortit de la voiture luxueuse. Elle accrocha son sac à main sur son coude et monta avec grâce les marches qui menaient au manoir. Ses talons aiguille, sur lesquels elle tenait en équilibre, résonnèrent dans le hall vide en cette matinée. Sans perdre du temps, elle entra dans le bureau de son neveu, où elle l'attendit, assise sur la chaise, les jambes croisées.
Elle fit glisser la manche de sa veste griffée pour regarder l'heure sur sa montre-bracelet en or, alors que la porte s'ouvrait pour laisser entrer Matteo, vêtu d'une chemise blanche impeccable et d'un bas de costume.
— Ciao, zia (Bonjour, ma tante), la salua-t-il sur un ton monocorde.
— Ciao, stavo quasi aspettando (Bonjour, j'ai failli attendre).
— Quanto vale per me l'onore della tua presenza ? (Que me vaut l'honneur de ta présence ?)
— Non posso più venire a trovarti ? Mio figlio ? (Je n'ai plus le droit de venir te rendre visite ? Mon fils ?)
— No, certo che no. Ma sono le sette e un quarto, un po' presto per una visita. Deve essere sicuramente importante. (Non, bien sûr que non. Mais il est sept heures quinze, un peu tôt pour une visite. Ça doit sûrement être important.)
— E' il caso( c'est le cas).
Matteo, avait croisé les pieds, les doigts en pyramides devant sa bouche. Il haussa son sourcil, intéressé par ce qu'elle venait de dire, et d'un roulement de la main, il l'invita à lui en dire plus.
Virginia se redressa sur sa chaise, la posture droite et assurée. Elle se lissa la naissance de ses cheveux retenues dans son éternel chignon bas strict.
— Riguarda tua moglie (Il s'agit de ta femme), lâcha-t-elle sans émotions.
Matteo s'enfonça dans son fauteuil, la tête renversée en arrière. Il savait qu'elle en parlerait un jour ou l'autre, mais là, il n'était pas en état de l'écouter se plaindre sur son choix ; il avait d'autres problèmes plus importants que ces caprices et son petit orgueil. Sa tante avait la fâcheuse habitude de tout dramatiser, une vraie drama queen quand elle s'y mettait, et le pire, c'est qu'elle ne lâchait pas facilement l'affaire. Tant mieux, lui aussi était une vraie tête de mule ; c'était l'un de leurs points communs.
Il inspira bruyamment par le nez pour rejeter sa frustration naissante.
— Mia moglie ? (Ma femme), répéta-t-il feignant sans scrupule la surprise.
— Sì, devi divorziare ! (Oui, tu dois divorcer !)
— Sono stato felice di rivederti, zia mia (J'ai été ravi de te revoir, ma tante), lâcha-t-il las.
Virginia ne changerait jamais, et c'est pour cette raison qu'il la connaissait sur le bout des doigts, comme si il l'avait fait, ce qui lui facilitait la tâche quand il était question de prévoir ses gestes.
Divorcer...
Quelle idée !
Il n'y avait qu'elle qui pouvait lui demander une telle chose. Qui, à part Virginia Rossi Ambrosio, pouvait s'interposer à ses choix, qui d'autre à part elle pouvait s'octroyer le droit de lui imposer ses décisions, de dicter sa vie ? Si elle pensait qu'il allait divorcer parce qu'elle le lui demandait "gentiment" pour se remettre avec Ciara, elle pouvait attendre ; il ne le ferait jamais, même si c'était le Dieu tout-puissant qui le lui demandait. Personne ne lui enlèverait Malkia ; elle était à lui, et elle devait faire avec.
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Perfect Addiction
RomanceUne rencontre inattendue, un regard d'une seconde et un amour passionné et obsessionnel sans limite. Deux personnes que rien ne prédisposait à se rencontrer,une âme noire et une âme blanche pourtant fusionnelles. Lui, il est baigné dans le sang, il...